https://www.arte.tv/fr/videos/085432-000-A/la-femme-qui-murmurait-a-l-oreille-des-elephants/
En Thaïlande, Lek Chailert oeuvre pour la protection des éléphants maltraités par l’industrie touristique. Depuis la crise du Covid, son combat commence à payer. Le portrait d’une femme de tête qui fait bouger les lignes.
En 1900, le royaume de Thaïlande recensait environ 300 000 éléphants sauvages et 100 000 captifs. En 2022, il en resterait moins de 7 000, dont près de la moitié sont asservis. Pour l’activiste Lek Chailert, ces animaux sont "traités comme des machines à sous", et le pays comme une "aire de jeux" pour les touristes. Le business des cirques à éléphants, qui alimentent la faim d’images des visiteurs et représentent une gigantesque manne financière, ne s’embarrasse d’aucune régulation. Soumis par le phajaan, méthode de dressage dite "par écrasement", qui annihile toute volonté en usant de la contrainte ou de la torture, les animaux servent jusqu’à la mort, revendus sous un nouveau nom s’ils deviennent violents. Quelque 85 % d’entre eux, selon les estimations, souffrent de traumatismes psychiques. Lek Chailert, liée aux éléphants depuis l’enfance, a été l’une des premières à s’élever contre ces méthodes. Son sanctuaire, fondé en 1995, qui recueille des pachydermes maltraités, lui a longtemps valu la haine des acteurs du secteur touristique, du harcèlement et des menaces, jusqu’à des tentatives de meurtre. Mais l’effondrement du marché, consécutif à la crise du Covid-19, a fait bouger les lignes.
Meneuse d’hommes
L’épidémie mondiale a porté un coup massif au tourisme : le manque à gagner pour la Thaïlande, selon une étude des Nations unies, pourrait s’élever à plus de 47 milliards de dollars. Sur le terrain, les propriétaires d’éléphants, au chômage forcé, ne peuvent plus nourrir leurs animaux, ni payer les cornacs qui les mènent. Certains ont préféré abandonner employés et éléphants à leur sort. Lek Chailert y a vu un moyen d’agir : elle s’est rapprochée des cornacs, qu’elle a décidé d’aider financièrement, tout en commençant à faire évoluer leur manière d’interagir avec les pachydermes. Certains des propriétaires ont même fini par se laisser convaincre d’adopter ses règles. Les documentaristes Jez Lewis et Jocelyn Cammack, en tournage au moment de l’irruption de l’épidémie, brossent ainsi, outre le choquant état des lieux de la situation des éléphants en voie d’extinction, le portrait d’une femme de tête, meneuse d’hommes et amoureuse des animaux, convaincue de son pouvoir de transformation du réel.
Dans ce reportage, on voit que dans le parc de Lek Chailert, les éléphants sont approchés par les employés du parc qui les gèrent et également par les touristes (au début). Mais les employés n'ont pas d'Ankus (contrairement aux parcs où les éléphants sont exploités pour le divertissement). Hors, il me semble avoir lu sur ce forum que l'ankus était nécessaire pour la sécurité du soigneur. Qu'en est-il ?