Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Programmes d'élevage, conservation ex situ, conservation in situ...

Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar Therabu » Mercredi 26 Août 2020 10:09

Le boa de l'île de la Conception (Chilabothrus argentum) a été découvert en 2015. Cette espèce de serpent vivant uniquement sur une petite île de 8km² aux Bahamas. L'espèce, classée en danger critique d'extinction, est au bord de l'extinction. Sa population est estimée entre 100 et 200 individus. Ayant besoin de forêts, la population de l'espèce n'est plus répandue que sur 1km² ! Elle est donc extrêmement vulnérable à la moindre catastrophe naturelle (ouragan, feu, tsunami...). Le point culminant de l'île n'est que de 24 mètres au dessus de la mer donc elle est aussi vulnérable à la montée des eaux. En plus de cela, le parc national où il vit ne bénéficie pas d'une protection suffisante et des trafiquants de drogue y vivent et coupent régulièrement du bois et font du feu au sein même de l'habitat du serpent.

La stratégie de conservation qui vient d'être produite par les autorités des Bahamas et des experts internationaux inclus notamment la création d'une population captive de secours initiée par le North Carolina Zoo. Dix individus fondateurs sont prévus. Cela est peu mais une analyse génétique produite sur plusieurs années in situ a révélé que la population est déjà très très peu diversifiée voire même consanguine. C'est donc un risque à prendre d'autant plus que les experts ont jugé qu'un prélèvement de vingt individus serait trop dangereux pour la population sauvage.

Je partage cette nouvelle intéressante car c'est pour moi la vraie valeur ajoutée des parcs zoologiques de nos jours : intervenir en dernier recours pour sauver des espèces condamnées. Qui plus est, lorsqu'il s'agit de reptiles, amphibiens ou insectes, à partir du moment où l'élevage est maîtrisé, la reproduction est souvent abondante et la réintroduction nécessite moins d'apprentissage que pour les oiseaux et mammifères. Connaissez-vous d'autres espèces avec des profils semblables qui nécessiteraient l'intervention de quelques parcs motivés ?

Plus de renseignements in english dans le document suivant : https://cpsg.org/sites/cbsg.org/files/d ... arch.5.pdf
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar nico » Mercredi 26 Août 2020 14:48

Je te rejoints sur le rôle des zoos de nos jours, cela doit vraiment être une des missions principales des parcs aujourd'hui.
Pour les espèces je pense au Saola (Pseudoryx nghetinhensis), au Fuligule de Madagascar (Aythya innotata), au Caméléon tarzan Calumma tarzan ... La liste pourrait être longue.
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar Thibaut » Mercredi 26 Août 2020 15:08

Saola (Pseudoryx nghetinhensis)


Je serais étonné qu'il soit adapté à la vie captive.

Je pense beaucoup aux petits primates d'Amérique du Sud. Au Brésil un élevage conservatoire de Callitrhix aurita a démarré récemment dans les zoos. Je pense qu'il y la place pour à terme rajouter le Callithrix Flaviceps et que les zoos européens pourraient à long terme créer une population de secours avec également le tamarin à mains blanches où les zoos colombiens ont bien réussit l'élevage.
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar guirosama » Mercredi 26 Août 2020 15:59

Thibaut a écrit:
Saola (Pseudoryx nghetinhensis)


Je serais étonné qu'il soit adapté à la vie captive.


Tout pareil, d'autant qu'on n'a pas des chiffres très précis sur l'importance de leur population, il me semble.
Si ça tourne en fiasco comme le rhino de Java...
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar Thibaut » Mercredi 26 Août 2020 16:22

La saola n'a carrément pas été observé même avec pièges photos depuis des années non ?
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar radjha » Mercredi 26 Août 2020 18:03

Oui effectivement pas d’observations depuis 2013
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar nico » Mercredi 26 Août 2020 19:21

Et pourtant l'animal est loin d'être un mythe :

Les dernières estimations indiquent qu'il subsisterait moins de 750 saolas au sein des montagnes du Vietnam et du Laos. L’espèce est classée "En danger critique d'extinction" par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Bien que le saola souffre de la dégradation de son habitat, due à l'exploitation forestière et à l'agriculture, la principale menace l’affectant reste la chasse, très répandue au sein de son aire de répartition (subsistance du marché de la viande de brousse). Entre 1995 et 2003, 30 saolas auraient été abattus au sein de la réserve naturelle de Pu Huong, au Vietnam. Bien qu'il ne soit pas utilisé dans la médecine traditionnelle asiatique, le saola pâtit de cette pratique car il est souvent piégé accidentellement à la place d'autres petits ongulés, eux-mêmes chassés pour alimenter la pharmacopée locale.

Devant la nécessité d'une action urgente, ciblée et coordonnée pour sauver le saola de l'extinction, la SSC (Species Survival Commission), commission détachée par l'UICN, a créé en 2006 un Groupe de Travail dédié au saola. Soutenu par l'association Beauval Nature, ce groupe lève des financements, identifie les actions prioritaires pour la conservation du saola et collabore avec différents partenaires pour la mise en œuvre d’actions de terrain et le suivi de leurs résultats.

- le suivi de la chasse au Vietnam et le développement de méthodes de surveillance des populations de saolas
- l'évaluation de la taille et de la distribution de ces populations afin de délimiter des zones protégées bénéfiques aux saolas et aux autres espèces évoluant dans son environnement
- la sensibilisation des populations locales à la protection du saola
l’augmentation du nombre de patrouilles avec l’aide des populations locales.
- Un projet de télémétrie est également prévu dans le cadre de ce programme, le suivi d’individus équipés d'émetteurs permettant d'acquérir des connaissances sur l'écologie et la biologie de l'espèce. Ce type de suivi permet également de collecter des échantillons biologiques (prises de sang par exemple).
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar guirosama » Mercredi 26 Août 2020 21:05

Il faut espérer que le maximum de matériels biologiques soient récupérés pour les muséums.
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar Vinch » Jeudi 27 Août 2020 0:07

Nico,
Il aurait fallu créer un fil de discussion consacré au Saola, vu qu’il n’y en très probablement pas sur l’île de Conception, bien que dans la discussion à propos de la conservation du boa, l’antilope ait été citée en exemple parmi d’autres.
Là, ça n’a carrément plus de rapport.
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar guirosama » Jeudi 27 Août 2020 5:54

Oui tu as raison Vinch. J'ai rebondi sur le sujet mais c'est bien loin du reptile de l'océan Indien. Mes excuses !
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar orycterope » Jeudi 27 Août 2020 13:49

Pour revenir a la question de Therabu, c est en effet aussi pour moi au sein des reptiles amphibiens invertébrés et poissons que ce type d elevage de la derniere chance est intéressant. Leur cycle de vie plus bref et avec plus de jeunes permet d obtenir de nombreux individus aptes au relacher en moins de temps et la perte de certaind individuest moins prejudiciable alors que pour des mammifères si duex ou trois fondateurs meurent des le départ le projet peut vite virer au fiasco.
Enfin si la cause du declin est lie a la disparition de l habitat il est plus facile pour des esspeces au territoire limité de retrouver des parcelles encore en bon etat de conservation ou d en restaurer d autres.

Ces especes ont aussi souvent des capacités de dispersion plus limité et l elevage peut permettre la translocztion dans des sites favorables sinon inaccessibles alors que c est rarement le cas chez les oiseaux par exemple.
Je pense notammeent au cas du sonneur a ventre jaune dont des élevages ont été developpes en Belgique et Normandie (sans lien avec les zoos) afin de les réintroduire dans des sites proches mais inaccessibles vu les capacités de dispersion limitées de cette espece.
Les zoos peuvent donc avoir un role dans ce type de programme: prelevement de quelques individus d une espece dans un site où elle se porte bien, elevage massif, puis réintroduction dans des sites adjacents mais inaccessible par voie naturelle. Outre le sonneur, la coronelle, l apron du rhone, et certains papillons (phengaris) me semble adaptés sous nos cieux a ce type d elevage.
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Re: Sauvetage du boa de l'île de la Conception

Messagepar Therabu » Vendredi 28 Août 2020 12:11

En effet orycterope, les taxons mentionnés semblent plus adaptés à ces mesures. C'est aussi, plus que le degré de menace en lui même, les critères qui font que l'espèce est menacée qui doivent être pris en compte. Une espèce qui a subit une réduction de 90% de ses effectifs mais qui restent représentée par plusieurs milliers d'individus dans la nature sera probablement mieux protégée par des mesures de conservation sur le terrain. C'est vraiment les espèces dont les effectifs sont déjà limités (Critère C et D de l'UICN) et/ou qui vivent sur des territoires très restreints (critère B du classement UICN) qui sont les plus vulnérables à toute nouvelle menace et qui peut rayer de la carte l'espèce en quelques semaines.

Quand c'est possible, il est préférable de laisser les zoos locaux s'occuper de ces élevages, quitte à soutenir les équipes locales avec la construction d'installations, de la formation et de l'aide à structurer les stratégies de conservation plutôt que de faire voyager les bestioles à l'autre bout de la terre, loin de leur territoire d'origine.
C'est notamment la direction prise par le TAG des callitrichidés, que cela soit au Brésil avec les deux ouistitis "montagnards" de la forêt atlantique ou le tamarin à mains blanches en Colombie. Un rapide coup d’œil sur l'UICN me laisse penser que certains ouistitis peu connus du sud de l'Amazonie, pourraient aussi bénéficier de ces mesures. Le niveau actuel de menace est placé à Vulnérable ou Données insuffisantes pour plusieurs d'entre elles. Leur territoire est limité en superficie, peu protégé, et en plein dans la trajectoire de l'arc de déforestation du front amazonien. C'est le cas pour :
- Ouistiti de Marca
- Ouistiti blanc-doré
- Ouistiti du Rondon
- Ouisititi à camail (déjà importé en Europe mais pas de manière structurée)
Toutefois, il ne s'agit pas vraiment de sauvetages de la dernière chance comme dans le cas de ce boa. Je découvre également que nombre d'espèces de douroucoulis et titis sont dans des situations de plus en plus précaires et ce sont des espèces que les zoos occidentaux semblent savoir élever. On pourrait penser notamment à Callicebus barbarabrownae. L'UICN relate également que quelques spécimens captifs de Alouatta ululata, le hurleur à mains rouges du Maranhao sont présents en captivité mais ne font pas l'objet de mesures alors que l'espèce est classée en danger avec moins de 2000 individus.
On pourrait continuer longtemps comme ça avec les primates africains et asiatiques également même si ce groupe est loin d'être le plus simple à réintroduire.

D'autres mammifères pourraient aussi bénéficier de ces programmes et me semblent plus adaptés à des techniques de soutien grâce à un élevage captif :
- Cobaye de Santa Catarina
- Rat à grosse queue (Zyzomys pedunculatus), déjà réintroduit mais la population captive s'est ensuite écroulée
- Campagnol bavarois (Microtus bavaricus)
- De nombreuses souris des îles désertiques au large de la Californie
- D'autres chauve-souris du genre Pteropus ou le Renard volant des Philippines (Acerodon jubatus) qui semble être détenu dans quelques institutions et figure dans parmi les chiroptères les plus menacés du monde.
- Cerf-cochon de Bawean
- Cerf-cochon de Calamian
- Sanglier verruqueux de Java
- Muntjack du Vu Quang (l'espèce bénéficie directement des efforts de préservation du saola. Si l'espèce phare n'a pas encore été retrouvée, les connaissances sur ce muntjac géant ont considérablement augmenté et une population captive va peut être être construite).

Chez les oiseaux, le héron impérial (Ardea insignis) va peut être faire l'objet d'un centre de reproduction dédié.
Le foudi de l'île Maurice (Foudia rubra) me paraît également un bon candidat avec seulement 250 individus dans la nature alors que son proche cousin pullule dans les zoos européens.
Enfin là aussi, les oiseaux chanteurs d'Asie du Sud-Est qui sont directement impacté par le trafic constituent déjà une priorité de l'EAZA. Il y a aussi de nombreuses espèces à très faibles effectifs, endémiques d'îles d'Océanie mais l'élevage captif n'est peut être pas le plus adapté.

L'élevage des tortues, principalement de Madagascar et d'Asie du Sud-Est (notamment les genres Cuora et Batagur) devrait également constituer une priorité. Pour nombre d'entre elles, l'élevage captif semble être la seule barrière les séparant de l'extinction. Le document suivant est intéressant :
https://www.iucn.org/sites/dev/files/im ... 11__2_.pdf

Toujours chez les reptiles, les iguanes terrestres des Caraïbes font l'objet de quelques efforts des zoos américains et des autorités locales mais plus de moyens seraient probablement nécessaires. La situation de nombreux caméléons malgaches est aussi préoccupante mais je ne sais pas si leur élevage est suffisamment maîtrisé.
D'autres serpents insulaires sont aussi à haut risque d'extinction comme le boa de l'île de la Conception. Il y a bien sur le boa de l'île de Ronde que Jersey a contribué à sauver mais aussi le fer-de-lande de la Martinique, le crotale d'Aruba, le fer-de lance insulaire, Corallus cropanii.

Les amphibiens sont nombreux à être limités à des aires de répartition très limités et à pâtir de nombreuses menaces au point d'être proches de la disparition. J'ai surtout en tête le genre Atelopus, dont quelques espèces sont élevées par les zoos américains mais toute l'Amérique centrale et au nord-ouest de l'Amazonie semble touchée par une vague d'extinction massive.
Enfin là où il y a peut être le plus de progrès à faire concerne l'aquariophilie et l'élevage des invertébrés. Je n'y connais pas grand chose mais nombre d'espèces de poissons sont endémiques de systèmes aquatiques restreints et en danger en Amérique centrale, Madagascar et dans la zone de Wallacea.
Chez les araignés, je pourrais citer certaines espèces du genre avicularia ou la Mygale ornementale saphire (Poecilotheria metallica).
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