Réserve de Beaumarchais à Autrèche

[Philippe]

Bonsoir,
Je reviens d'une petite sortie en famille à la Réserve de Beaumarchais, à Autrèche, en Indre-et-Loire. Il ne s'agit pas d'un parc zoologique mais d'une "réserve de grand gibier sauvage" comme en atteste la carte des menus du restaurant ! Les visiteurs peuvent notamment découvrir sangliers, cerfs élaphes, chevreuils, daims, mouflons, ratites, bisons...
Si cela vous intéresse, je peux rédiger un petit compte-rendu en images de ma visite.

[didier]

Oui , poste un compte-rendu , de toute façon il n'y a pas qu'à Autrèche que les sangliers finissent en civet .

[okapi]

Oui, merci Philippe: c'est un parc peu connu et c'est toujours intéressant de découvrir de nouvelles structures.

[Philippe]

Située en Indre-et-Loire, à une quinzaine de kilomètres au nord d'Amboise, la Réserve de Beaumarchais accueille, au sein d'un parc de 30 hectares, neuf espèces considérées en France comme "grands gibiers d'élevage" : le sanglier, le cerf élaphe, le daim, le chevreuil, le mouflon de Corse, le bison d'Amérique, l'autruche, l'émeu et le nandou.

" On désigne par "gibier d'élevage" tout animal sauvage qui réussit à se reproduire en élevage, sous certaines conditions, et qui est élevé par l'homme soit pour le repeuplement, soit pour la chasse, soit pour la production de viande. Ces animaux doivent être élevés en semi-liberté dans des parcs de dimensions suffisamment importantes pour qu'ils conservent leur nature sauvage." (définition figurant dans le guide de la Réserve).

La visite de la Réserve s'effectue exclusivement en petit train. Le départ a lieu devant l'auberge (dont les menus font la part belle aux espèces élevées sur place).

Visible ici à l'arrière-plan, l'ancienne grange a été aménagée en salle de projection. Un film d'un dizaine de minutes y présente les animaux et les objectifs de la réserve tourangelle.

Le Safari Train débute par la traversée d'un premier parc de sangliers d'Eurasie (Sus scrofa scrofa). Avec quelque 500 éleveurs, l'élevage du sanglier est le plus commun en France parmi les élevages de grands gibiers. Ces suidés sont destinés à la chasse ou à la production de viande.
Les sangliers sont hébergés dans des parcs d'au minimum un hectare dont le tiers doit être boisé. Les différents enclos de la Réserve disposent aussi de mares.

Entrée du parc des sangliers.

Abri de l'un des parcs de sangliers de la Réserve.





On compte un mâle pour environ 10 laies.

La visite se poursuit avec l'enclos des cerfs élaphes (Cervus elaphus). La harde présentée lors de ma visite comprenait deux mâles adultes, l'ancien reproducteur et l'actuel dominant. Le parc des cerfs s'étend sur une grande zone herbeuse en lisière d'un bois. En moyenne, un élevage compte un cerf pour 10 biches.



Le train pénètre ensuite dans l'enclos des daims (Dama dama). Proche parent du cerf élaphe, le daim est élevé pour la production de viande et son élevage est assez semblable à celui du cerf. Le rut du daim, ayant lieu en novembre, est toutefois plus tardif que celui du cerf, lequel débute en septembre. Plusieurs spécimens blancs (phénomène de leucistisme ou leucisme) sont visibles au sein de la harde. Les visiteurs peuvent aussi comparer, en les manipulant, bois de cerf et de daim.




Les parcs suivants, ceux des chevreuils (Capreolus capreolus) et des mouflons de Corse (Ovis aries/orientalis musimon), sont de conception similaire avec une partie herbeuse et une autre très boisée où se trouvaient les animaux lors de mon parcours en petit train.
Elevé pour la chasse et le repeuplement, le chevreuil demeure très farouche en captivité. Les quelques animaux que j'ai (en partie) aperçus se cachaient parmi de hautes herbes. Selon la brochure de la Réserve, le chevreuil aurait besoin d'un parc d'une centaine d'hectares pour s'acclimater au mieux.
Moins peureux que les chevreuils, les mouflons de Corse accourent dès que la guide descend du train pour le nourrissage. La dizaine d'élevages de mouflons de Corse en France s'oriente exclusivement vers la production d'animaux de chasse et le repeuplement.


Enclos des chevreuils.


Abri des mouflons de Corse en lisière de la partie boisée de l'enclos.

La prairie du parc des mouflons de Corse.

La suite du parcours emprunte successivement l'enclos des nandous (Rhea americana) et celui des émeus (Dromaius novaehollandiae). Deux vastes étendues avec un petit bâtiment pour chacune des deux espèces de ratites.
Les nandous sont rarement élevés dans l'Hexagone à cause d'un "faible rendement en viande". En élevage, le mâle est associé à un groupe de 3 à 5 femelles. Lors de ma visite, la guide n'est pas descendue du tracteur pour présenter les pensionnaires aux voyageurs du Safari Train. Une question de sécurité car les oiseaux étaient en période de reproduction.
En revanche, dans l'enclos des émeus -monogames- , le convoi s'est arrêté et les visiteurs le souhaitant ont pu donner quelques graines de maïs aux animaux, tout en restant à bord des voitures. Les émeus sont surtout élevés pour leur viande mais leur élevage reste peu répandu par rapport à celui de l'autruche dont le "rendement" en viande s'avère supérieur.

Le bâtiment des nandous.


Jeune nandou.

Le bâtiment des émeus.



Au sortir du parc des émeus, le train circule entre l'enclos des bisons des plaines d'Amérique (Bison bison) et celui des autruches (Struthio camelus) qui lui fait face. Les visiteurs sont alors invités à descendre pour s'approcher des clôtures.
Les bisons bénéficient d'une grande étendue d'herbe. Plusieurs troupeaux sont élevés dans la Réserve puisqu'un second était visible au-delà de l'enclos des autruches. A noter que la brochure du parc assimile bison des plaines et bison américain d'un côté, bison des bois et bison européen de l'autre, faisant donc fi de la sous-espèce américaine des bois (Bison bison athabascae).
Les autruchons sont élevés dans deux petits enclos séparés du parc des adultes puisque ceux-ci attaquent les jeunes. Les oeufs récoltés sont placés en incubateur artificiel au regard des conditions climatiques de la Touraine. Moyennant 1 euro supplémentaire, les visiteurs peuvent découvrir le bâtiment abritant l'incubateur et les couveuses.





On aperçoit, derrière le parc des autruches, un second enclos pour les bisons d'Amérique.

Bâtiment abritant l'incubateur artificiel et la couveuse.

Incubateur artificiel et couveuse.

Autruchon.

Le retour s'effectue en train à travers la forêt. Le circuit longe alors plusieurs à enclos de sangliers avant de contourner le manoir, érigé en 1825, et son étang. Diverses espèces d'oiseaux vivraient à proximité (colverts, nettes rousses, pilets, souchets, oies des moissons...) mais je ne les ai pas aperçues.
La visite du Safari Train terminée, les visiteurs peuvent se rendre à pied jusqu'à l'enclos des wallabies de Benett (Macropus rufogriseus rufogriseus), après avoir traversé l'aire de jeux. Une dizaine de kangourous sont hébergés dans un parc comprenant une partie boisée et bordant l'étang. Les kangourous sont élevés uniquement à des fins "d'agrément", la viande de kangourous disponible en France provenant de l'importation.
Sur les rives de l'étang, je n'ai vu qu'un cygne tuberculé (Cygnus olor) au loin, un cygne noir (Cygnus atratus) et deux oies qui pourraient être une oie cendrée (Anser anser) et une oie de Guinée (Anser cygnoides) (je mets ici les réserves d'usage ).

Bâtiment des wallabies.



Vues du parc des wallabies.
*
Aire de jeux.

L'étang.

Oie cendrée (sous réserve de confirmation).

Oie de Guinée (sous réserve de confirmation).

Cygne noir.

La Réserve de Beaumarchais affiche clairement ses objectifs : fournir des animaux pour la chasse, la consommation mais aussi le repeuplement notamment pour les mouflons de Corse. Une démarche que certain(e)s n'apprécieront peut-être pas mais la Réserve mérite néanmoins la visite des amateurs de parcs animaliers comme des "simples touristes" : vastes enclos pour les animaux, cadre agréable et bucolique, explications intéressantes lors du passage dans chaque parc, grande aire de jeux pour les plus jeunes... J'émettrai simplement quelques regrets :
- la visite en train (une petite heure) ne permet pas une longue observation des animaux. Pourquoi ne pas avoir aménager en parallèle du Safari Train un parcours pédestre avec points d'observation, comme à la Haute-Touche par exemple ? Le passage parfois très rapide dans certains enclos, comme celui des chevreuils, s'avère frustrant.
- la Réserve présente notamment le grand gibier des forêts françaises avec, par définition, l'Homme comme prédateur. Il est un peu dommage, à mon sens, de ne pas profiter de la superficie du parc pour présenter l'autre grand prédateur qui vivait jadis dans le Val de Loire, le loup (Autrèche se situe d'ailleurs dans le même département que Benais où sévit à la fin du XVIIe siècle une "Bête" qui aurait pu en remontrer à celle du Gévaudan ).
Pourquoi aussi ne pas élargir un peu la liste des animaux présentés avec des espèces locales menacées, à l'instar de la tortue cistude ?

Située entre Beauval, la Flèche et Doué-la-Fontaine, la Réserve de Beaumarchais mérite le petit détour !



Horaires 2012 :
- jusqu'au 2 septembre : tous les jours de 10 à 12 heures et de 14 à 18 heures. Départ du train environ toutes les 30 minutes.
- du 3 au 30 septembre : tous les jours, départs à 11 heures, 14 h 30 et 16 heures.
- octobre : visites les samedis et dimanches avec départs à 11 heures, 14 h 30 et 16 heures.
- vacances de la Toussaint jusqu'au 4 novembre inclus : tous les jours, départs à 11 heures, 14 h 30 et 16 heures.

Tarifs 2012 :
-adulte : 7,10 €.
- enfant (de 4 à 11 ans) : 5,60 €.
Supplément visite "la naissance des autruchons" : 1 € par personne.

Site : http://www.reserve-de-beaumarchais.com