Suite à une petite visite au Domaine des Fauves (38), je souhaiterais partager quelques photos prises pour l’occasion. Ce zoo, bien qu’assez modeste, est plutôt bien connu sur le forum, je ne montrerais donc pas des images des enclos. Mais si vous insistez je pourrais tout de même en poster (en fait vous comprendrez vite pourquoi je m’abstiens dans un premier temps). Ainsi, ce sont essentiellement mes impressions que je voudrais partager.
Le zoo est sur une surface très restreinte et, afin d’occuper le visiteur plus d’une heure, le tracé est assez complexe (malgré un sens de visite préconisé). Tout ça pour dire que le zoo n’est pas spécialement découpé en « secteurs » géographiques où thématiques même si des efforts sont faits sur ce point-là. Ce sont donc des zones inventées que je vais vous présenter pour synthétiser un peu la visite. Le parc a été repris en 1999 par Marc Muguet et depuis de nombreuses rénovations ont été effectuées ainsi qu’un ciblage sur les prédateurs à poils et à plumes. Le site est aujourd’hui bien entretenu et les verrues disparaissent petit à petit.
Après avoir passé l’entrée et l’horrible singerie qui date des premiers temps du zoo et qui ferait passer celle de la Ménagerie pour un paradis, le visiteur se dirige vers les anciennes fosses. Elles ont hébergé au fil du temps ours (bruns et à collier), loups, macaques, etc… Depuis la mort du dernier plantigrade en 2009, elles ont été démolies, fusionnées et rénovées. À leur place nous trouvons aujourd’hui un couple de jaguars (Panthera onca) arrivé en 2015. La surface est certes assez restreinte mais la végétation est amenée à se développer et les possibilités d’évolution sont nombreuses pour les deux félins : agrès, roches, grand bassin.
Juste après, nous tombons sur un premier secteur dédié aux rapaces nocturnes et corvidés. Les volières vont du petit espace à hibou à la haute structure pour cassicans mais sont toujours bien aménagées. Nous trouvons ici un petit aperçu de la très riche collection d’oiseaux prédateurs du parc :
-Petit duc à face blanche (Otus leucotis)
-Petit duc à collier (Otus bakkamoena)
-Petit duc de Californie (Otus kennicottii)
-Cassican flûteur (Gymnorhina tibicen)
-Pirolle à bec rouge (Urocissa erythrorynchan)
-Ninoxe boubouk (Ninox novaeseelandiae)
Petit duc à collier
Petit duc de Californie
Ninoxe boubouk
Pirolle à bec rouge
Cassicans flûteurs
Après cela, c’es le « secteur Amérique du Sud » qui se présente. Une grande volière, bien que toujours pas assez haute à mon goût, présente en cohabitation des urubus à tête jaune (Cathartes burrovianus), des vautours auras (Cathartes aura), des buses de Harris (Parabuteo unicinctus) et des tortues de Floride (Trachemys scripta elegans). Un ancien enclos pour panthères héberge aujourd’hui quelques coatis roux (Nasua nasua), là encore le manque d’espace est compensé par des possibilités d’évolution nombreuses : végétation, bassin, terre pour creuser. Mais cet espace manque cruellement de structures en hauteur… De vastes volières bien végétalisées présentent quant à elles jaguarondis (Puma yagouaroundi), ocelots (Leopardus pardalis) et margays (Leopardus wiedii). A noter que le parc enregistre régulièrement des naissances d’ocelots depuis 2008. Enfin deux volières très basses et pauvrement aménagées accueillent des aras militaires (Ara militaris) et chloroptère (Ara chloroptera). Ces dernières font parties des veilles structures et on peut espérer qu’une rénovation vienne les démolir prochainement.
Jaguarondi
Coati roux
Urubu à tête jaune
Buse de Harris
Ara militaire
Les grands enclos du centre du zoo sont occupés par de placides herbivores et il est dommage qu’autant de place soit allouée aux lamas, wallabys et zébus. En se dirigeant vers les lions, un ensemble de trois enclos construits entre 2012 et 2013 fait la transition entre les zones africaines et asiatiques. Les deux premiers sont à ciel ouvert et présentent des caracals (Caracal caracal) et des chats pécheurs (Prionailurus viverrinus). Les deux espèces se reproduisent au zoo et bénéficient d’installations vastes et bien aménagées. Par contre l’on peut regretter que l’aménagement paysager n’évoque pas plus les milieux naturels des félins : les zones semi-désertiques et les marécages. Le dernier espace est une vaste volière bien végétalisée pour un couple de rares corbeaux-pies (Corvus albus).
Chat pêcheur
Corbeaux-pies
L’espace africain suit juste après. Les grands carnivores que sont les lions (Panthera leo), les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) et les lycaons (Lycaon pictus) bénéficient de vastes espaces ouverts. L’on pourrait rêver plus grand et encore une fois plus évocateur des habitats naturels mais à l’échelle du site, ces espaces sont excellents. Les suricates (Suricata suricatta) possèdent un espace terreux très restreint accolé au bâtiment des lions, les mangoustes fauves (Cynistis penicillata) sont mieux loties dans une petite fosse bien végétalisée. Le couple de servals (Leptailurus serval) bénéficie aussi d’une superbe volière tout en profondeur avec bassin et bosquets. Enfin, une grand volière, autrefois pénétrante, présente des vautours charognards (Necrosyrtes monachus) et des buses rounoir (Buteo rufofuscus).
Lion africain
Suricate
Buse rounoir
Servals
La partie haute du parc est occupée par les enclos de prédateurs nordiques. Un couple de loups de Mackenzie (Canis lupus mackenzii) évolue dans un sous-bois ombragé et avec un jeune, visiblement né récemment. Une volière très restreinte en surface et en hauteur accueille deux pumas (Puma concolor) tandis qu’une autre, plus grande et bien plus végétalisée, sert de lieu de vie à un vieux couple de lynx de Sibérie (Lynx lynx wrangeli). La grande nouveauté 2016 est visible non loin : un vaste espace consacré à un couple de loups arctiques (Canis lupus arctos). Le parc prévoit un espace d’immersion où le visiteur, accompagné d’un soigneur, pourra voir les loups sans barrières ni vitres. J’ai trouvé ça moyen niveau sécurité mais à voir…
Puma
Une petite enclave sud-américaine est visible entre les deux espaces des loups. Deux volières bien végétalisées hébergent respectivement des buses du Chili (Geranoaetus melanoleucus) et la seconde est destinée aux tayras (Eira barbara) nouvellement arrivés et actuellement visibles dans un espace de transition.
Tayra
Une seconde zone pour rapaces nocturnes se trouve à côté. Les volières sont de tailles variables, du vaste espace végétalisé pour chouette à la petite structure pour petit duc… L’on trouve ici une grande variété d’espèces, souvent peu courantes en captivité :
-Chouette leptogramme (Strix leptogrammica)
-Chouette à lunettes (Pulsatrix perspicillata)
-Chouette de l’Oural (Strix uralensis)
-Chouette lapone (Strix nebulosa)
-Harfang des neiges (Bubo scandiacus)
-Chouette masquée (Strix rufipes)
-Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus)
-Grand duc d’Afrique (Bubo africanus)
-Petit duc scops (Otus scops)
-Chouette Chevêche (Athene noctua)
Chouette de l'Oural
Chouette lapone
Grand duc africain
Chouette masquée
Le gros des félins asiatiques se trouve également dans le secteur. Si l’on écarte les tigres blancs (Panthera tigris) qui n’ont pas beaucoup d’intérêt mais qui boostent la fréquentation, le zoo héberge quatre autres espèces de taille plus modeste. Un mâle panthère longibande (Neofelis nebulosa) évolue dans une belle volière très haute avec de nombreuses structures d’escalades tandis que les chats léopards du Bengale (Prionailurus bengalensis), les chats rubigineux (Prionailurus rubiginosus) et les chats des marais (Felis chaus) possèdent des volières plus petites mais bien végétalisées et tout aussi hautes.
Panthère longibande
D’autres volières occupent cette partie. La plus grande, même si elle manque de hauteur, héberge des vautours fauves (Gyps fulvus), des vautours palmistes (Gypohierax angolensis) et des grands corbeaux (Corvus corax) sur une surface acceptable. Les urubus noirs (Coragyps atratus), les martins chasseurs géants (Dacelo novaeguineae), les caracaras huppés (Polyborus plancus) (déplacés dans une petite volière ridicule, une explication ?) et les magnifiques et récemment arrivés aigles huppard (Lophaetus occipitalis) possèdent leur propre volière. Le parc s’est fait spécialiste dans la reproduction des rapaces avec des naissances régulières chez les petits ducs, les chouettes leptogramme ou les urubus.
Vautour fauve
Martin chasseur géant
Aigle huppard
En se dirigeant vers la sortie, le visiteur prend une allée entre deux enclos ouverts et entourés de hauts murs. Celui de gauche est très minéral et présente une meute de dingos (Canis lupus dingo), celui de droite, plus étroit est le lieu de vie (temporaire ?) d’un couple de hyènes rayées (Hyaena hyaena) arrivé en 2011. Cet espace fut le lieu d’exhibition pendant longtemps d’un couple de tigres avant leur décès. Jusqu’à récemment c’est une hyène brune qui vivait là. Avant de sortir c’est l’espace désertique que le visiteur doit voir. Les chats des sables (Felis margarita) et les fennecs (Vulpes zerda) possèdent de petits enclos en intérieur avec sables, rochers et structures en hauteur. Le couple d’otocyons (Otocyon megalotis) évolue dans une petite installation sableuse en fin de parcours.
Dingos
Otocyons
En conclusion : Je crois que les problèmes et les atouts parlent via les photos. Le Domaine des Fauves est un parc intéressant avec une évolution relativement intelligente. Le focus sur les prédateurs est louable et permet une complémentarité avec les autres zoos de la région et, malgré quelques espèces encore trop imposantes à mon goût, les nouveaux arrivants sont des animaux adaptés au lieu. Les nouveaux espaces sont dans la norme française voir au dessus (servals, ocelots, chats pêcheurs, longibandes) mais le manque d’espace se fait cruellement ressentir partout. Les enclos sont biens mais ils pourraient être excellents ! En fait, je pense que la direction ne fait pas l’effort (ou c’est surement une question de moyens) pour innover dans les modes de présentation : omniprésence du grillage bien laid, peu de reconstitution du milieu, attache à des espèces trop grandes ou parfois inutiles (lamas et autres marras), surfaces petites et volières trop basses. C’est dommage parce que le site est passe partout et l’on pourrait en profiter pour créer beaucoup de choses différentes : multiplier les volières de contact, offrir des dénivelés aux animaux, etc... De plus les succès de reproduction sont à saluer et le parc fait l’effort d’offrir plusieurs installations aux « grands reproducteurs » comme les ocelots ou les chats pêcheurs. En attendent, je continue à suivre l’évolution de ce zoo, modeste, mais qui offre une jolie ballade et de belles rencontres.