Passionné depuis son plus jeune âge par le monde animal, rien ne le prédestinait pourtant à devenir l'un des primatologues les plus recherchés sur la planète.
Installé depuis plusieurs années au beau milieu de la forêt africaine, Matthieu est devenu, au fil du temps, l'un des très rares spécialistes en gorilles et chimpanzés dans leur milieu d'origine. Formé, depuis plus de quinze ans, à l'école du bénévolat en milieu naturel, le simple soigneur-animalier des débuts, a vite appris au contact de la faune sauvage.
« Je ne me suis jamais imaginé faire un autre métier, signale le spécialiste des animaux qui pendant plusieurs années a multiplié les stages dans les parcs animaliers et les zoos français. C'est en 1999 que je me suis engagé auprès de l'association Help Congo, au beau milieu du parc national de Conkouati-Douli. Avec pourtant très peu d'argent en poche, j'ai non seulement payé mon voyage, mais j'ai aussi pris en charge mes frais d'hébergement sur place, pendant de nombreux mois. »
« La conservation des espèces va mal »
Chargée de recueillir les bébés chimpanzés devenus orphelins par la chasse incessante des braconniers, l'association se bat pour sauver les rescapés des massacres, avant leur réintroduction en forêt. « Situé à 140 km de Pointe-Noire, l'endroit offre aux animaux un cadre exceptionnel. » Constitué d'une végétation luxuriante, d'une lagune et sa mangrove, le site ouvre même ses installations au public qui le souhaite. « Visiter le projet Help, c'est nous permettre d'aller plus loin dans notre engagement de sauvegarde », insiste Matthieu, qui en est l'ambassadeur idéal.
Devenu depuis plusieurs années le coordinateur des activités terrain au Gabon et au Congo pour l'ONG (1) anglaise The Aspinall Foundation, Matthieu Bonnet a en charge la protection et la réintroduction des animaux sauvages en milieu naturel. « Globalement, la conservation des espèces va mal. La pression de chasse est très importante, en particulier dans toutes les zones frontalières. »
Les abattages sauvages ont été multipliés par trois en une seule année pour les seuls rhinocéros de l'Afrique du sud et de l'est. Pourtant, la situation ne démotive pas les équipes pilotées sur le terrain par le Lorousain. « Mon job est de coordonner et de planifier toutes les missions de sauvegarde sur les deux pays. Près de 50 personnes me sont directement attachées sur le terrain, en charge de la lutte anti-braconnage. » Relevés des données, pièges photographiques, comptages permanents, patrouilles armées, sont quelques-unes des actions menées par l'organisation au quotidien sur plusieurs milliers de kilomètres carrés de forêt. « Rien qu'en dix ans, sur un seul parc national au Gabon, on a perdu près de 10 000 éléphants. On se bat chaque jour pour que ça s'arrête, même si on a bien conscience que la pression des braconniers est terrible », conclut Matthieu Bonnet, qui ne regrette pourtant pas ses choix et ne rêve d'aucune autre vie.
(1) Organisation non gouvernementale.
Source : Ouest France.
Un Lorousien est un habitant ou un natif du Loroux-Bottereau, en Loire-Atlantique,
