Cuc Phuong fut le premier parc national du pays à voir le jour, en 1962. Il s’agit également d’un haut lieu de conservations pour la biodiversité puisqu’on y trouve un grand nombre d’espèces de mammifères, d’oiseaux, de reptiles, d’amphibiens et de poissons. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs listées sur le Livre Rouge du Vietnam des espèces en voie de disparition.
A l’intérieur du parc national on y trouve également 3 centres de réhabilitation de la faune sauvage : l’EPRC, le Wildlife Rescue Center et le Turtle Conservation Center.
C’est donc vers l’EPRC que nous nous dirigeons en premier lieu. Il a été fondé en 1993 par Tilo Nadler à la suite d’une collaboration entre la société zoologique de Francfort et le parc national de Cuc Phuong. Le but était de créer un parapluie pour les primates en danger, confisqués par les autorités ou retrouvés mal en point. Après 20 années à diriger le centre, Tilo Nadler se retire pour se consacrer à l’étude et à la protection des langurs de Delacour à Van Long. C’est donc en 2013 que le relais de flambeau s’effectue entre le Zoo de Francfort et le Zoo Leipzig, qui est aujourd’hui à la tête du centre. On y retrouve 14 espèces :
- Gibbon à favoris blancs du Nord (Nomascus leucogenys)
- Gibbon à favoris blanc du Sud (Nomascus siki)
- Gibbon à favoris roux du Nord (Nomascus annemensis)
- Gibbon à favoris roux du Sud (Nomascus gabriellae)
- Langur de Delacour (Trachypithecus delacouri)
- Langur de Cat Ba (Trachypithecus poliocephalus)
- Langur de Hatinh (Trachypithecus hatinhensis)
- Langur gris d’Indochine (Trachypithecus crepusculus)
- Langur de François (Trachypithecus francoisi)
- Langur de Phayre (Trachypithecus phayrei)
- Douc à pattes rousses (Pygathrix namaeus)
- Douc à pattes grises (Pygathrix cinerea)
- Loris lent pygmée (Nycticebus pygmaeus)
- Loris lent du Bengal (Nycticebus bengalensis)
C’est donc accompagné d’un guide, obligatoire pour visiter les centres, que nous déambulons au travers des allées, des successions de cages, au sol bétonné, aussi exiguës les unes que les autres. Au premier abord cela ne me choque pas tellement, il s’agit d’un « Rescue Center » et donc les faibles moyens ne sont pas versés dans l’élaboration d’enclos cinq étoiles. De plus les primates sont censés n’être que de passage. Pourtant quelque chose me frappe très rapidement : le nombre assez conséquent de jeunes dans les enclos dont le centre semble extrêmement fier. Sur chaque porte d’entrée sont affichées des pancartes avec les noms et les dates d’arrivée des primates. Certains semblent être ici depuis des lustres. On ne dénombre pas moins de 180 individus de toutes espèces confondues. Un seul espace de « Semi-liberté » est visible, dans lequel vivent 6 primates de plusieurs espèces dont cette femelle gibbon.

Je me questionne davantage concernant cet endroit et en effectuant quelques recherches j’apprend que la toute première réintroduction a eu lieu en 2007 pour des langurs de Hatinh, soit 14 ans après la création du centre et la seconde réintroduction eut lieu en 2011 soit 4 ans plus tard… Depuis nul ne sait quels autres primates ont pu retrouver la liberté.
Tout cela semble bien fâcheux… En effet j’ai davantage la sensation de me retrouver face à une collection personnelle, à une fierté de posséder ces espèces et de les reproduire en masse, camouflée derrière un centre de sauvegarde. Nous savons combien la réintroduction peut être un long processus fastidieux mais je n’ai pas la sensation que l’EPRC déploie quelconque moyen pour y arriver. Il semble que nous soyons bien loin de la conservation… Et il nous reste donc l’éternelle question de savoir s’il est préférable de reproduire en masse ces animaux dans le but de sauvegarder les espèces en les condamnant à vivre dans ces cages sordides ou s’il est préférable de se concentrer sur le peu d’individus qu’il reste à l’état sauvage en étant bien conscient que d’ici dix ou vingt ans l’espèce sera très certainement éteinte…
Voici deux exemples de cages (Via Zoochat) :


Juste à côté le Wildlife Rescue Center s’annonce bien différent. L’entrée se présente sous forme de salle hautement pédagogique et surtout ludique pour sensibiliser les touristes et les jeunes vietnamiens à la sauvegarde de cette faune extraordinaire. Le centre se concentre principalement sur les pangolins, les loutres et les civettes. On y retrouve :
- Pangolin malais (Manis javanica)
- Pangolin de Chine (Manis pentadactyla)
- Civette d’Owston (Chrotogale owstoni)
- Loutre naine (Aonyx cinereus)
- Loutre à pelage lisse (Lutrogale perspicillata)
Seuls les individus ne pouvant être réhabilités sont présentés aux visiteurs. Tout le reste se trouve en coulisses dans le but d’être reproduit et relâché. Près de 2.000 animaux ont déjà été secourus par les équipes et 60% d’entre eux ont pu être réintroduits. Les routes de ces deux centres, dits de sauvegarde, divergent totalement.
Nous resterons un jour de plus au sein du parc national pour faire un peu de birdwtaching et admirer les quelques monuments préservés, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je réaliserai, en toute fin de récit, une liste des espèces aviaires que nous avons eu la chance d’observer durant toute la durée du voyage.
De plus belle nous reprenons la route en direction de Van Long dans l’espoir d’y observer les langurs de Delacour.