Projet inédit à La Chaux-de-Fonds : marier le zoo et un musée
Le concept n’a pas d’équivalent en Europe: la ville prévoit de dépenser 17 millions pour construire un Musée d’histoire naturelle faisant office de porte d’entrée au zoo du Bois du Petit-Château. Comment passer sans obstacle du vivant au naturalisé.
Il y a foule ce dimanche de décembre pourtant gris, mais sec et sans neige, dans l’une des attractions populaires de La Chaux-de-Fonds, le zoo du Bois du Petit-Château. 1.200 personnes, avant tout des familles, sont venues rencontrer saint Nicolas se baladant avec ses ânes dans cet espace vert et animalier de 31.0000 m2 en pleine ville, qui héberge une cinquantaine de mammifères et d’oiseaux, ainsi qu’un vivarium d’une cinquantaine d’espèces de serpents et de tortues.
Une institution, le «Bois du P’tit», parc animalier qui date de 1889, remis à la ville en 1891, devenu zoo professionnel avec des programmes de conservation et de reproduction des espèces, perçu aussi comme parc urbain où on vient se balader. Gratuitement. Il voit passer, bon an mal an, quelque 120.000 visiteurs, avant tout chaux-de-fonniers, mais aussi des alentours.
La Ville de La Chaux-de-Fonds entend en faire une attraction unique en Europe continentale, un zoo-musée. Elle prévoit d’investir 17 millions pour construire, à la place de l’Ancien Stand qui sera démoli, un espace muséal pour y déménager l’actuel Musée des sciences naturelles, en location dans les locaux de la poste, près de la gare, dont le bail arrive à échéance à fin 2016.
L’association zoo-musée est donc inédite. «Cela paraît pourtant logique, mais bizarrement, il n’y a pas vraiment de structure équivalente en Europe continentale, explique le directeur du musée et du zoo, Arnaud Maeder. Sinon le Musée national d’histoire naturelle à Paris, qui gère aussi la ménagerie du Jardin des plantes et le zoo de Vincennes. Mais il n’y a pas de concept pédagogique commun.»
Le projet remonte à 2001 à La Chaux-de-Fonds, mais en 2004, le programme «Naturama» est recalé à cause de la situation financière de la ville. «Ce n’était d’ailleurs pas le seul projet gelé, rappelle le conseiller communal Jean-Pierre Veya. Fort heureusement, l’environnement financier de la ville est aujourd’hui nettement plus favorable, ce qui nous a permis de relancer divers projets d’investissement, dont celui-ci.»
N’est-ce pas un luxe, pour une ville de 39.000 habitants, de dépenser près de 17 millions (15,2 à charge de la Ville) pour construire un nouveau Musée d’histoire naturelle? «Non, c’est même une nécessité, rétorque l’élu POP. Notre actuel Musée d’histoire naturelle présente une muséographie qui n’est plus adaptée, ses dépôts ne répondent plus aux normes usuelles de protection du patrimoine et le bail est dénoncé.» Le musée est d’ailleurs fermé depuis l’été.
«L’idée ne consiste pas à juxtaposer deux institutions, le Musée d’histoire naturelle et le zoo, mais d’élaborer un concept général d’exposition et d’animations qui vous fait transiter du vivant au naturalisé et inversement, précise Arnaud Maeder. Et comme notre ville est en pleine nature, vous pouvez même aller voir, à 10 minutes dans les pâturages boisés, l’habitat des espèces que vous aurez vues empaillées, avec des indications scientifiques, et en captivité où vous aurez appris des choses sur leur comportement et leur reproduction. C’est unique.»
La Chaux-de-Fonds, qui compte déjà diverses attractions de premier ordre (site inscrit au Patrimoine de l’Unesco, Musée international de l’horlogerie), entend faire de son concept zoo-musée un nouvel élément de rayonnement. Pour les gens de la ville d’abord, mais aussi pour un public plus large. Une étude de marché prédit 200.000 visiteurs par an pour la double structure, qui voit passer 120.000 personnes au zoo et moins de 12.000 au musée. «Les experts nous disent que la combinaison zoo-musée, avec un espace d’accueil comprenant une boutique et une cafétéria, attirera au minimum 200.000 visiteurs, dont une moitié passera par l’accueil et un quart ira au musée», précise Jean-Pierre Veya.
Le concept risque-t-il de capoter en raison d’une politique tarifaire consistant à maintenir la gratuité de l’accès au zoo mais en faisant payer celui au musée ? «Il faut remettre l’option dans son contexte local et historique, l’accès gratuit au zoo du Bois du Petit-Château est ancré dans les coutumes, dit Arnaud Maeder. Bien que le zoo se soit professionnalisé, avec une équipe de soignants diplômés et des espèces plus difficiles à avoir en captivité. Nous faisons le pari qu’en faisant du musée une porte d’entrée au zoo, non obligatoire, un visiteur sur quatre acceptera de payer pour aller chercher les informations scientifiques dans le musée. Le concept sera très favorable au musée. Le vivarium sera aussi intégré au nouveau bâtiment avec accès payant. Il faut savoir que les enfants jusqu’à 16 ans ne paient pas pour entrer au musée et qu’avec les abonnements et cartes spéciales, l’accès au musée est facilité.»
Pour se donner un maximum de chances de réaliser le zoo-musée et de pouvoir investir 17 millions dans un bâtiment neuf, préféré à la rénovation plus coûteuse et moins aisée de l’Ancien Stand, la ville consulte largement la population. Un questionnaire peut être rempli on line jusqu’au 15 mars, «et nous tiendrons compte des remarques», annonce Jean-Pierre Veya. Craindrait-il un référendum au crédit de construction qui sera soumis au Conseil général en été 2015? «Le référendum est un droit populaire, qui fait partie des règles du jeu, répond-il. C’est vrai que notre démarche participative entend, autant que faire se peut, réduire le risque de référendum, mais nous voulons surtout faire connaître le projet et entendre la population chaux-de-fonnière et celle de l’extérieur qui vient visiter le zoo.»
Image de synthèse du zoo du Bois du Petit-Château à La Chaux-de-Fonds, avec le projet de Musée d’histoire naturelle et le vivarium.
.