Zoo : coups de foudre au Lunaret

Zoo : coups de foudre au Lunaret

Messagepar Philippe » Jeudi 21 Avril 2016 11:44

Dromadaire, guépard, casoar, wallaby, rhinocéros : dans les enclos du zoo de Montpellier, les animaux sont priés de se reproduire. Et, ce pour la bonne cause : la préservation des espèces.

Quand la jeune Sanne aperçoit Akin et Twist, elle les repousse d’abord un peu, puis balance sa queue et émet de petits piaillements. Pas de doute, la jeune "guéparde" aguiche les deux mâles. Une aubaine pour le zoo de Montpellier qui cherche à reproduire l’espèce.
Les trois guépards, dont certains sont arrivés récemment du safari de Peaugres en Ardèche, occupent, depuis décembre dernier, le centre de reproduction des guépards aménagé spécialement pour favoriser l’accouplement. " Nous avons installé l’enclos loin des habituels prédateurs comme les lions et près des ânes de Somalie et des addax, qui à l’état naturel pourraient représenter des proies potentielles. Ainsi, la femelle se dit "je suis dans de bonnes conditions, j’aurai de quoi nourrir mes petits ", explique Baptiste Chenet, vétérinaire et chef du service animalier du zoo. " De plus il y a beaucoup de verdure, ce qui rend pour eux l’environnement rassurant. "

Conservation. Le cas des guépards est le plus symbolique d’une démarche de conservation des espèces menacées menée par le zoo de Montpellier. " Avec la pédagogie envers le grand public, la conservation des espèces est l’autre grande mission du zoo ", rappelle Christophe Cour, élu aux espaces verts et en charge du parc de Lunaret. Le parc est membre de l’association européenne des zoos et aquarium (EAZA), une structure qui chapeaute les échanges d’animaux entre les différents zoos d’Europe dans le but de favoriser la reproduction de certaines espèces. Sur les 141 espèces présentes au Lunaret, 29 font ainsi l’objet d’un programme d’élevage européen. Pour elles, la reproduction est un enjeu majeur du zoo.

Réintroduction. Mais la mission n’est pas si simple qu’il y paraît. Si la plupart des animaux sont capables de se reproduire sans aide extérieure, d’autres, comme le guépard ou le casoar, font l’objet d’un système de reproduction assistée. Les espèces menacées sont de plus en plus pauvres génétiquement : les individus sont plus proches les uns des autres et on perd en diversité. L’objectif est de favoriser les rencontres entre animaux de la même espèce et éloignés génétiquement afin d’éviter la consanguinité.
La reproduction sera d’ailleurs au centre des préoccupations du projet de restructuration du zoo qui devrait débuter en 2018.
À terme, si les espèces menacées se développent bien en captivité, l’objectif est carrément de pouvoir les réintroduire dans leur milieu naturel. Depuis les années 1970, déjà plus de 70 projets de réintroduction d’animaux ont vu le jour. " C’est très compliqué, car la réintroduction se fait dans des pays qui n’ont pas toujours les moyens de mettre en place des mesures de conservation ", explique Baptiste Chenet. " Mais ce serait pour nous la chose la plus géniale. "

Bientôt les équipes du zoo tenteront une nouvelle approche entre Akin, Twist et Sanne. Ils feront passer les deux mâles dans ce qu’ils appellent le "couloir des mariages". Si, à leur passage, Sanne change de comportement, alors cela signifiera qu’elle est intéressée et qu’une rencontre est possible. Cette année, si tout se passe bien, un bébé guépard, un bébé dromadaire ou encore un bébé casoar pourraient pointer le bout de leur nez au zoo de Lunaret.


DROMADAIRES, BISOUS BAVEUX ET PLUS SI AFFINITÉS
Début mars, Alba, jeune dromadaire d’un an, est venue tenir compagnie à Thor, un mâle installé au Lunaret depuis 2013, dans le but de se reproduire. Mais pour l’instant, pas question pour la jeune femelle encore immature sexuellement de côtoyer de près son congénère. Alors, en attendant, les deux camélidés s’en tiennent à des bisous baveux à travers le grillage et Thor prend son mal en patience. " La semaine dernière il a tenté de se reproduire avec un sac ! "

LES CASOARS, PRIVÉS DE VISITEURS
Le casoar à casque, espèce d’oiseau originaire de Nouvelle-Guinée, est menacé de disparition à l’état naturel. Tout comme pour les guépards, l’enjeu de sa reproduction est donc crucial, même dans des conditions de captivité. Alors le zoo met toutes les chances de son côté pour que ça marche. " Pour l’instant, on barre l’accès de leur enclos aux visiteurs pour que les bêtes se concentrent sur leur intimité. Si elles voient le public, elles seront plus intéressées par ça que par la reproduction ", précise Baptiste Chenet, chef du service animalier.

GUÉPARDS, L’AMOUR FAUVE
Avec les guépards, la question de la reproduction n’est pas si évidente. " Les guépards se choisissent entre eux, pour que ça fonctionne, il faut qu’il y ait une sorte de coup de foudre ", assure Baptiste Chenet. Alors, pour les encourager, le zoo "assiste" les individus. " On arrive à voir que la femelle est en chaleur quand, en présence du mâle, son comportement change : si, par exemple, elle se roule sur le dos ou se lèche. Une fois qu’on en sera certains, on provoquera une rencontre avec le mâle pour lequel elle aura montré le plus d’intérêt. "

LE WALLABY, UNE GESTATION HORS NORME
Le wallaby n’est pas une espèce particulièrement menacée, mais sa reproduction représente un fort intérêt pédagogique. " C’est passionnant : le fœtus naît sans être "terminé " et il finit sa croissance dans la poche de sa maman", explique Baptiste Chenet.

RHINOCÉROS, UNE REPRODUCTION À HAUT RISQUE
Après six ans de cohabitation, Jabu, Maélane et Jobi, les rhinocéros du zoo de Montpellier n’étaient pas parvenus à se reproduire. Alors, en novembre 2014, Jabu et Maélane, les deux femelles, ont subi une insémination artificielle avec du sperme prélevé chez Jobi. Une opération à haut risque : les bêtes, pesant trois tonnes, ont été anesthésiées pendant quatre heures. Mais l’insémination n’a pas marché.
" Aujourd’hui, on ne sait pas si on retente l’opération. On va peut-être d’abord chercher une solution du côté de leur alimentation. "

LE BONGO À SON AISE AU LUNARET
La reproduction des bongos au zoo de Montpellier marche plutôt bien. Cette grande antilope des forêts se plaît au Lunaret. Après la naissance de deux mâles en 2015, une femelle est née en janvier dernier et une autre est en gestation actuellement. Pour savoir si la femelle est en chaleur, le mâle lui prélève un peu d’urine avec la langue !

GIRAFON
Un nouveau girafon est arrivé au zoo le 19 mars dernier. " Malheureusement nous ne pouvons pas pour le moment envisager de reproduction de girafe car nous n’avons que des mâles. Si une femelle arrivait dans l’enclos, ils seraient capables de s’entre-tuer ", assure le responsable du service animalier du zoo.

Source : La Gazette de Montpellier.
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Philippe
 
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