La Réserve africaine de Sigean lutte pour survivre aux inondations
SIGEAN (AFP) - La Réserve africaine de Sigean dans l'Aude se bat pour la survie du parc animalier contre les menaces d'inondations qui dévasteraient sa faune, une nouvelle fois, comme en 1999, 2005 et 2006.
Les dégâts sont allés grandissants au fur et à mesure des crues de la Berre qui borde le parc. La rivière a rompu ses digues en 1999 causant 255.000 euros de dégâts. Depuis, à chaque épisode cévenol, elle mord toujours plus sur la réserve: plus de 400.000 euros de dégâts en novembre 2005, plus de 1,1 million en janvier 2006.
"La dernière inondation a fait 40 morts sur 300 animaux, sans compter les victimes des précédentes crues. La renommée du parc est en jeu, alors que nous participons à un programme européen de la sauvegarde en captivité d'espèces menacées en liberté comme les zèbres de Grévy, les onagres ou les kobs de Mrs Gray", s'inquiète le propriétaire et directeur de la Réserve, Jean-Jacques Boisard.
La cause de ses soucis: la Berre, un fleuve de 40 km, qui a son embouchure au bord de cette Réserve. Filet d'eau en période de sécheresse, elle peut charrier 900 m3/s en crue.
Traditionnellement entourée de digues entretenues, autrefois curée par les riverains, viticulteurs ou habitants, elle est désormais laissée à elle-même, jonchée de troncs et de branchages, voire de la pile d'un pont emporté en 1999 et restée là depuis.
Du coup, la Berre cherche un lit loin de ses digues. Profitant de la brèche créée il y a sept ans lors des inondations, elle monte à chaque crue à l'assaut d'une plaine où vivent toute l'année antilopes, zèbres, onagres et autres impalas.
"Depuis 1999, la Réserve est considérée par les services officiels comme plaine d'expansion des inondations, au préjudice d'une activité zoologique importante scientifiquement mais aussi pour l'économie dans la région", s'insurge-t-il.
Avec un chiffre d'affaires de quelque 7,7 millions d'euros, le parc animalier, une structure bénéficiaire depuis 1985 et qui ne reçoit pas de subventions publiques, est le deuxième contributeur fiscal (après l'autoroute) de la commune.
Il fournit 100 emplois à plein temps sur l'année, ouvre 365 jours par an et attire un flux touristique de 325.000 visiteurs. Sans compter les retombées sur toute la région.
Aujourd'hui, Jean-Jacques Boisard ne cache pas son découragement. "La préfecture m'empêche de terminer des travaux de renforcement d'un chemin de rive qui sert de voie d'urgence pour les pompiers, sur plainte d'une association de défense du barbeau méditerranéen, pas même répertorié dans la Berre", explique-t-il.
"On nous interdit même de reprendre à notre compte l'entretien du lit de la Berre, responsabilité d'un syndicat intercommunal de bassin qui reste inactif. Le fleuve va balayer tout vignoble sur les coteaux des berges qui sont les meilleurs terroirs", prévient M. Boisard.
Du coup, une Association de défense des riverains de la Berre et du Rieu, forte de 80 membres, agriculteurs et résidents, en plus du personnel de la Réserve, demande l'entretien des lits encombrés de branchages, qui forment barrage pendant les crues se libérant brutalement et créant des vagues qui emportent tout sur leur passage.
"Il faut faire vite, souligne le directeur de la Réserve, car paradoxalement il faut se servir de l'étiage de la sécheresse pour travailler à se protéger de l'inondation".
source :
http://fr.news.yahoo.com/26072006/202/l ... tions.html