Rien ne laisse soupçonner que derrière cette immense porte se cache un véritable parc aux perroquets. Une fois franchie, les piaillements et sifflements des oiseaux ne laissent aucun doute, le perroquet est roi dans ce domaine. Une sculpture géante de volatile trône à côté d’une volière où deux ara hyacinthe, reconnaissables à leur plumage bleu et au contour d’œil jaune, scrutent curieusement les moindres faits et gestes. « Ce sont de vraies alarmes vivantes qui vous préviennent s’il y a un intrus » , raconte Dany, vêtu d’un t-shirt vert où est inscrit le nom de cet endroit hors du temps : le Vegala Park. Cet ancien chef d’entreprise, reconverti en éleveur, est l’heureux propriétaire de ce parc avec son épouse, Lysiane.
Le lieu est tenu secret par crainte de vols
Rayonnant mais angoissé à l’idée qu’on vienne lui dérober ses 150 oiseaux, il préfère rester dans l’ombre de ces derniers. Des espèces rares se côtoient, « je fais dix mètres à droite je suis en Amérique du Sud, par contre à gauche, c’est direction l’Australie », plaisante-t-il en se référant aux origines de ses piafs, comme il les nomme. Les allées du parc zigzaguent entre des volières extérieures, comme dans un zoo, à la différence que les explications sont données par Dany et non par des écriteaux.
Au détour d’une allée, Lysiane s’affaire pour gérer les 65 ares de leur discrète propriété. « C’est moi qui lui ai transmis la passion des becs crochus », s’amuse-t-elle à relater avant de repartir à ses occupations. Il est loin le temps de leurs débuts, en 1989, et de l’achat de leur premier couple de grandes perruches, à Mulhouse. Dany et Lysiane n’ont jamais eu d’enfants, alors les perroquets font partie de la famille. A l’époque, quand ils travaillaient ensemble à la conduite de leur entreprise, le week-end était consacré à l’entretien du parc. Aujourd’hui, deux soigneurs s’en occupent à temps plein. Tous les matins, c’est le même rituel : nettoyage des gamelles et des volières. Puis arrive l’heure du repas, « chacun à sa propre nourriture, il y a des masses de choses à savoir » détaille le passionné en passant d’une volière à l’autre pour caresser les perroquets venus le saluer.
Les autres éleveurs l’ont pris pour un fou
Rien n’est fait à moitié au Vegala : salle de soins et de quarantaine, tableau des naissances comme dans un « vrai » zoo. Le couple voit grand et entreprend en 2001 la construction de deux immenses volières extérieures, « pas encore terminées », explique Dany dans un sourire en poussant la porte de l’une d’elle. A l’intérieur, d’autres volières, un petit pont, une mare avec des poissons et plus loin une cascade. L’Alsace semble bien loin dans ce décor alors « pourquoi partir en vacances ? » , s’étonne fièrement l’heureux propriétaire.
Pourtant, ces projets faramineux lui rappellent aussi qu’à 72 ans, la plupart de ses piafs lui survivront. Face aux photos de ses amis disparus, exposées dans une salle de réception, il se rappelle tristement « qu’ils étaient présents à l’inauguration du parc ». De quoi réfléchir à la suite de cet endroit insolite. Diminuer ou arrêter ? Un non catégorique pour Dany qui n’envisage pas une seconde de se réveiller chaque matin face à des volières vides.
Source : Vosges Matin.