FloriAn. a écrit:Ramener un hippopotame en Afrique, ce sont des centaines de milliers d’euros.
En voilà un qui suit l'actualité des bonnes idées...
FloriAn. a écrit:Le projet de Rewild serait donc démagogique ?
C’est plutôt l’expression d’une idéologie radicale. À aucun moment, ils n’ont cherché le dialogue avec nous.
Mais, qui sait, un coup de fil est vite arrivé.
Du genre (presque) imaginaire :
" Allô, Monsieur Delord ? Ici, Jérôme Pensu, fondateur du Biome, station d'élevage internationale localisée dans la quatrième dimension, sauveteur rewildien des animaux sauvages victimes de la captivité...Ecoutez, je tenais avant tout à vous féliciter pour la réintroduction de vos gorilles en Afrique. Quelle magnifique opération de réensauvagement, j'en rêve la nuit ! Mais chut, ne le répétez surtout pas s'il vous plaît !
Je vous rappelle que je suis en milieu radical-écolo, entouré par des intégristes verts qui voient rouge dès qu'on leur parle de profit, de rentabilité, ou simplement des peluches vendues en boutique qu'ils imaginent fabriquées par des petits enfants exploités au Cambodge dans un camp de redressement capitaliste financé par la CIA.
RD : Heureux de vous l'entendre dire !
JP : Chuuut ! Ne parlez pas si fort je vous prie ! Il ne faut pas réveiller la mante religieuse qui passe des fois dans les couloirs...
RD : La mante religieuse ?
JP : Oui, je veux dire la madone des marsouins qui nous a coupé les vivres, en attendant le reste...Nous en sommes réduits à la bougie les soirs d'hiver, je ne vous dis pas la misère!
RD : Bah la bougie et la lampe à huile, cela doit bien plaire aux écolos...Vous avez pensé aux moulins à vent ? Ou aux panneaux solaires dans la belle campagne bretonne ?
JP : Ah non, ne rigolez pas Monsieur Delord, l'heure est grave !
RD : Alors dites nous où en sont les projets rewildiens de retour des animaux du zoo à la nature ?
JP : Eh bien nous avons dû faire face à des imprévus en série, gérer les contre-temps, le covid, la cagnotte, l' Ego des uns et des autres, la Terreur des mers...Mais surtout nous sommes victimes de Gargantua Premier...
RD : Qui quoi ça ?
JP : Gargantua, c'est le surnom que l'on a donné à un accident industriel que personne n'a vu venir, un gouffre sans fond, le goulu des mangeoires, le Pantagruel des savanes... enfin je veux dire ce goinfre d'éléphant qui nous met sur la paille et nous laissera bientôt plus que les radis à manger !
RD : Mais mon bon Monsieur, il fallait bien lire la fable " La grenouille et l'éléphant "...
JP : Ah non Monsieur Delord, ne tirez pas sur l'ambulance, c'est trop facile ! Je sais que nous avons eu les yeux plus gros que le ventre mais à la fin nous sommes comme des frères en conservation, voyez-vous, notre but est le même : le bien-être animal universel.
Je vous en conjure, Monsieur Delord, le mieux est de conclure la paix des braves, l'aube d'une collaboration nouvelle, par exemple autour d'un projet à bénéfice mutuel.
RD : Ah mais lequel ?
JP : Voilà, j'ai trouvé une solution qui pourrait arranger tout le monde. Tout commencerait par une exfiltration nocturne, incognito, à la nuit tombée. Destination Saint-Aignan...et un éléphant, un, offert gratuitement à Beauval !
Bien sûr, tout doit rester secret, maquillé sous le couvert d'une opération de sauvetage...Vous n'aurez qu'à dire, par exemple, que Beauval a offert gracieusement l'asile à un éléphant martyrisé dans un cirque ou un autre. Vous passerez ainsi pour la belle âme qui a sauvé l'éléphant victime des odieux du cirque. Un "placement éthique" comme vous le dites si bien. Et un joli coup pub à peu de frais !
RD : Difficile de croire que des soupçons ne vont pas naître autour de cette opération de sauvetage sauvage...
JP : Ne vous inquiétez pas ! Pour égarer les soupçons nous dirons qu'il s'agit d'un éléphant issu d'un quelconque zoo polonais ou allemand, perdu quelque part dans les brumes du nord...Au besoin, nous mettrons sur le flanc du camion de transport un bandeau " Circus Kaiser Krone " ou quelque chose dans ce genre là...
De toute façon, vous savez bien que les journalistes ne sont pas très regardants dans ce pays... déjà qu'ils ne disent rien sur les oiseaux cloués sur le sol des zoos par rémigeage, éjointage et compagnie...
Au final, vous récolteriez les lauriers du généreux donneur d'asile à un malheureux pachyderme et, de notre côté, nous pourrons soulager nos finances de frais gargantuesques...formule gagnant-gagnant, du win win !
RD : Mais vous vous doutez bien que tout le monde va se demander où est passé l'éléphant du zoo de Pont-Scorff...
JP : Justement, j'ai pensé à tout....rien que d'y songer, trop génial ! Une première mondiale, le premier rewilding d'éléphant, et réussi par qui s'il vous plaît ? Par Rewild ! Quoique en réalité un peu augmentée...
Voilà, nous irons tous au paradis, en l'occurrence la Thailande. Une fois sur place, il nous suffira d'emprunter à un cornac du coin un éléphant de taille comparable à notre goinfre...euh notre bien aimé Babar...Je vois la scène, filmée par toutes nos caméras, l'éléphant qui s'enfonce, majestueux, dans la jungle impénétrable et luxuriante, parti sans laisser de traces pour répondre à l'appel de ses ancêtres. Ainsi vu de dos, personne ne verra la différence avec notre Babar breton...
Le tout enrobé d'une onctueuse mousse médiatique, un speech à faire fondre tous les coeurs d'artichaut : libéré de ses chaînes, sorti des oubliettes et de la paille humide dans lesquelles les industriels de la captivité l'avait enfermé, l'esclave affranchi par JP Rewild a retrouvé le chemin de la liberté et sa dignité d'animal sauvage qui jamais n'accepta la servitude...Tous les nobles donateurs rewildiens pourront un jour lointain, au coin du feu de cheminée, se tourner avec fierté devant leurs descendants : " Fiston, Fillette, il y a trente ans, j'ai contribué à la sauvegarde du grand éléphant, superbe et mythique, comme Noé eut jadis sauvé des eaux une part de notre monde ".
Tous les petits enfants vont verser une larme devant l'histoire de Gargantua le Babar. Et la musique en bouquet final, style " Autant en emporte l'éléphant "...La laaa la la...La la la laaaa !...
RD : Oui mais il ne faudrait pas que le public apprenne les dessous de ce rewilding très virtuel...
JP : Ce sera notre secret à tous les deux. Motus et trompe cousue ! Pensez à la récompense future : vous serez le bon Samaritain qui a sauvé l'éléphant de l'enfer du cirque et, nous, les bons Daktari nouveaux qui auront sauvé l'éléphant de l'enfer du zoo. C'est pas beau ça ?
RD : C'est sûr qu'un éléphant peut tromper énormément...Mais vous n'envisagez pas un rewilding bien réel pour une fois ?
JP : Mais nous avons tout tenté ! Nous avons même ouvert en grand toutes les portes à nos wallabies. Et que croyez-vous qu'il advient ? La moitié sont rentrés bien sagement au bercail, comme des bons toutous à la niniche, tout heureux de retrouver la gamelle du soir.
Que voulez-vous que je fasse avec ces kangourous fonctionnaires qui préfèrent la sécurité sociale et l'emploi garanti à vie au zoo plutôt que la grande aventure sans filet ?
RD : Bah vous pouvez toujours essayé de réintroduire des escargots en Bourguogne...
JP : Ah non, ne plaisantez pas Monsieur Delord, c'est trop injuste ! Vous n'ignorez pas que l'on se saigne aux quatre veines pour financer nos actions de rewilding. Et avec notre dernière cagnotte en ligne nous espérons atteindre les 5 000 euros nécessaires à la réintroduction de nos singes en pleine nature...
RD : Euh...Cela a coûté plus de 100 000 euros à Beauval pour réensauvager deux simples gorilles en Afrique...
JP : Quoi ? Vous voulez dire 10 000 euros ?
RD : Non je dis pas moins de 100 000 euros...
JP : ...Aaaaaaaahhhh !....
RD : Allô...Allô ?...Y a quelqu'un à l'appareil ?....Allô !?...Monsieur Rewild vous êtes toujours en vie ? "