Tours : la dernière ourse du Jardin Botanique s’est éteinte

[Philippe]

Pensionnaire du Jardin Botanique de Tours (Indre-et-Loire) depuis 27 ans, l’ourse Sophie s’est éteinte mercredi 30 décembre. « Victime de troubles neurologiques graves provoquant des pertes d’équilibre importants », selon le communiqué de la Ville, l’animal ne s’alimentait que très peu depuis quelques jours et ne pouvait plus se relever ni marcher malgré les traitements prodigués par les services vétérinaires locaux. Le docteur Serge Lauras a donc décidé d’euthanasier le plantigrade, âgé d’une quarantaine d’années, tôt dans la matinée du 30 décembre. Une décision difficile pour toute l’équipe des soigneurs du Jardin Botanique tourangeau dont Sophie était devenue l’hôte le plus célèbre depuis la mort de son compagnon Willy le 30 mars 2006 (voir la rubrique actualités du 19 avril 2006).
Alors âgés d’une quinzaine d’années, les deux ours bruns (ursus arctos) étaient arrivés sur les bords de Loire le 15 novembre 1982, en provenance du zoo du Tertre Rouge à La Flèche (Sarthe), où ils avaient tous deux vu le jour. Ils succédaient ainsi dans la fosse du Botanique à leurs congénères naguère offerts par le cirque Pinder à la ville de Tours. Dans les années 1950 selon certaines sources, à l’orée des années 1970 pour d’autres, l’établissement itinérant dont les quartiers d’hiver se trouvaient à Chanceaux-sur-Choisille avait donné à la ville de Tours deux (ou trois) ours bruns. La fosse aux ours, située près de l’entrée du parc, allait compter jusqu’à cinq pensionnaires, l’une des femelles ayant eu plusieurs petits, cédés ensuite à des parcs zoologiques. Willy et Sophie n’eurent aucune descendance.
Les conditions d’hébergement des deux ours dans leur fosse suscitèrent de nombreux débats. En 1995, la nouvelle municipalité s’inquiéta de leur sort mais les services vétérinaires n’étaient déjà guère favorables au déplacement des deux plantigrades. La SPA relança ensuite la question. Plusieurs solutions furent envisagées dont un déménagement vers le Bois des Hâtes, vaste espace vert situé au sud de l’agglomération tourangelle, et un transfert vers le Refuge de l’Arche à Château-Gonthier (Mayenne) ou surtout vers le parc de la Haute-Touche dans l’Indre. Véritable serpent de mer, ce projet resta lettre morte : la disparition de Willy, l’âge avancé de Sophie avec les risques inhérents à un tel déménagement pour sa santé et les coûts avancés pour ces transferts eurent raison de ces divers projets (voir la rubrique actualités du 18 septembre 2005).
Reste la question de l’avenir de la dépouille du plantigrade : finira-t-elle à l’équarrissage ou chez un naturaliste avant de rejoindre Willy au muséum d’histoire naturelle ? Et qu’en sera-t-il de la fosse aux ours du jardin botanique ? Certes obsolète, cette installation témoigne aussi de l’architecture des zoos au XXe siècle. Pour cela, elle mérite d’être conservée au titre de la conservation du patrimoine.
Sources : La Nouvelle République, Le Magazine de la Touraine et archives personnelles.

[giradaire]

Une dernière photo de la malheureuse fin 2009


et celle de la fosse aux ours.

[okapi]

Au moins, maintenant, elle ne rêvera plus de grilles...

[giradaire]

Lorsque je l'ai vu à la fin de 2009, j'étais profondément abattu à tel point que je pensais qu'il aurait été plus humain de l'euthanasier.
J'en ai vu pourtant des vertes et des pas mures durant des années, mais là ...



et une photo en Septembre 2008 de cette installation qui témoigne certes de l’architecture des zoos au XXe siècle mais de là à être conservée au titre de la conservation du patrimoine...j'ai vu mieux...

Par contre, je ne serais pas hostile à la voir remanier pour accueillir par exemple un groupe de coatis ou autre bestiole. Ce jardin urbain est très fréquenté par tout les publics.

[tiao]

C'est vrai que plusieurs fosses à ours sont réaffectées : celle de Landau a accueilli des porc-épics puis a été abandonnée, celle du jdp (désormais petits pandas et binturongs), celle de Heidelberg (abrite désormais des porcs-épics à crête), et sûrement d'autres que je n'ai jamais vues...
Mais celle de la Test demeure !

[Kevin3]

Personnellement j'ai été il n'y a pas longtemps la bas et je trouvais vraiment cette ourse malheureuse elle le portait sur son visage, d'ailleurs j'allais bientot prendre contact avec des gens que je connais pour voir si on ne pouvais pas la changer de place...

Tout ce béton, ces cailloux, ce plan d'eau mal aménagé...sachant qu'il y a de la place dans le jardin pour lui faire un enclos avec de l'herbe et plus adapté...

M'enfin je crois qu'elle va être plus heureuse la haut

[Philippe]

Sophie et Willy, unis à la vie à la mort

Sophie et Willy occupent une place de choix parmi les animaux naturalisés de la Ville de Tours. Les deux plantigrades sont arrivés au jardin Botanique en novembre 1982, en provenance du zoo du Tertre rouge à La Flèche (Sarthe). Ils étaient alors âgés d'une quinzaine d'années.
Pendant plus de vingt ans, les Tourangeaux auront pu les voir tourner en rond dans la triste fosse du jardin, où ils prenaient la suite d'autres ours, donnés, eux, par le cirque Pinder. Leurs conditions d'accueil, dans un espace plutôt restreint et extrêmement minéral, ont d'ailleurs fait débat.

Willy, le mâle, est mort en mars 2006. Son corps, après naturalisation, a pris place dans les collections du muséum de Tours. La question de l'avenir de Sophie, seule et vieillissante, s'est un temps posée. Elle est morte à son tour en décembre 2009. Elle a fini par rejoindre son compagnon. Le vieux couple, qui aura passé vingt-quatre ans ensemble dans la fosse aux ours du jardin Botanique, est maintenant réuni pour l'éternité, ou presque…

Source : La Nouvelle République du Centre-Ouest.