Stéphane Da Cunha : « On est contraint dans l'espace »

[kelloche53]

J'espère que la plaine africaine sera top !

[Philippe]

Le zoo de La Flèche va doubler de surface d'ici 5 ans

La surface du zoo de La Flèche (Sarthe) va doubler d'ici cinq ans, avec la construction de nouvelles lodges, d'une savane africaine et de deux complexes hôteliers. C'est le succès d'Une saison au zoo sur France 4 qui a boosté la fréquentation du site et permit de financer les travaux.

La surface du zoo de La Flèche va doubler pour atteindre 30 hectares d'ici cinq ans. L'établissement que l'on voit dans l'émission très populaire de France 4, "Une saison au zoo", profite de ce succès (et des rentrées financières qu'il implique) pour investir.
Le développement de nouvelles lodges avec vue directe sur l'enclos des animaux, la construction d'une savane africaine, d'un complexe hôtelier grand luxe et d'un hôtel plus accessible permet de libérer encore le parc zoologique des contraintes de saisonnalité. L'activité hôtelière représente pour l'instant au moins 10% des 9,5 millions d'euros de chiffres d'affaires du zoo.

Des nouveaux lodges

Ces maisons qui donnent directement sur les enclos des animaux ont un succès fous. Les 10 bungalows sont réservés un an à l'avance. Les trois nouveaux hébergements donneront sur la zone asiatique qui accueillera des rhinocéros indiens et des tigres de Sumatra. Ouverture en mai 2017. Le projet coûte 2 millions d'euros et les travaux devrait commencer au mois de septembre.

Un hôtel au zoo

A terme, le zoo de la Flèche va se transformer en complexe hôtelier, avec deux projets ambitieux. D'abord un hôtel grand luxe de petite capacité pour accueillir groupes et clientèle d'affaires, avec des baies vitrées donnant directement sur les lions blancs. Cela représente 6 millions d'euros d’investissement. Une fois ce bâtiment terminé, un autre hôtel, plus grand, plus grand public aussi sera construit pour 2020, avec vue sur la savane africaine. C'est l'autre très grand projet du zoo de La Flèche : 3 hectares et demi dans lesquels s'ébattront ensemble, les girafes, zèbres, autruches, antilopes, et les rhinocéros blancs...

Source : France Bleu Maine.

[raphaël]

des lodges, des hôtels, des hébergements.
Le zoo va donc en grande partie disparaitre, dilué dans un "resort", complexe hotelier multiple.
Des tigres de Sumatra, déjà présents, des lions blancs déjà présents, et bientot des rhinos indiens et une savane africaine, tout ça avec des hôtels.

Cette émission a sauvé le zoo, mais alors, l'esprit de Jacques Bouillault...

[david]

J'ai du mal à imaginer le fait de remplir 2 hôtels à la Flèche. ... j'imagine qu'une étude a été réalisée. Espérons que la savane soit une réussite et que le succès des lodges ne s'essouffle pas !

[Vinch]

des lodges, des hôtels, des hébergements.
Le zoo va donc en grande partie disparaitre, dilué dans un "resort", complexe hotelier multiple.
Des tigres de Sumatra, déjà présents, des lions blancs déjà présents, et bientot des rhinos indiens et une savane africaine, tout ça avec des hôtels.

Cette émission a sauvé le zoo, mais alors, l'esprit de Jacques Bouillault...

Je ne suis pas non plus très enthousiaste devant l'orientation hôtelière du zoo de La Flèche et partage aussi tes inquiétudes de voir un zoo céder peu à peu la place à un complexe de logements temporaires, et faillir de plus en plus à ses missions premières et essentielles que sont la conservation, la recherche scientifique et l'éducation.
Par contre, l'esprit de Jacques Bouillault... M. Jacques Bouillault a certes eu quelques mérites et qualités: avoir ouvert le premier zoo de type privé en France, avoir accueilli des animaux sauvages de cirques ou de particuliers en mal de logement, avoir eu un formidable don de conteur. Mais, ces animaux, il les aimait surtout pour son propre plaisir, s'en servait pour se montrer ce qui le distingue bien peu des fameux "montreurs d'ours" ( les photos de Bouillault se montrant avec des animaux sont très nombreuses et on ne voit quasiment que ça sur google images en tapant bouillault animaux zoo), et de plus, les conditions de détention des animaux n'étaient guère terribles et il y avait bien plus de soins apportés aux animaux naturalisés de son musée qu'aux vivants, àmha.

[okapi]

Au moins, les choses sont claires! On le savait déjà, mais comme cela, les choses sont définitivement exprimées par le parc lui-même: La Flèche sera bien un complexe hôtelier avec animaux... Je n'ai pas le moindre doute sur le succès de l'entreprise: vous avez bien lu que, à ce jour, le chiffre d'affaire des seuls 10 lodges avoisine le million d'euros... Je n'ai pas le moindre doute non plus sur le potentiel de développement en matière d'hôtellerie d'exception, d'accueil de séminaires et peut-être même de séjours de longue durée: La Flèche, c'est Le Mans, une cité active et un immense bassin de population et d'entreprises s'il ne fallait compter que sur une clientèle de proximité, mais avec l'émission de télévision, je ne me fait pas de souci: une bonne agence de communication va ratisser très large pour séduire les chefs d'entreprises avides de solutions originales pour organiser séminaires et colloques! Avec trente hectares, le parc a de bonnes raisons d'espérer une sérieuse hausse de fréquentation et si tout est fait avec le même soin, et bien c'est un beau jackpot!
Pour l'esprit insufflé par Jacques Bouillault, sérieusement, de quoi parlons-nous? Il a certes fondé en 1946 le premier parc privé, donc commercial, français (pour certains, c'est le début d'une nouvelle ère, pour moi, c'est la première goutte d'un poison redoutable), mais il a surtout créé une ménagerie sans chapiteau, avec entrées de cage et dressage à tous les enclos! Il aimait les bêtes, c'est sûr, mais bien plus pour lui que pour elles et même si la plupart des zoos du temps n'étaient pas terribles, il n'a guère fait beaucoup mieux... Les vieilles installations qui subsistent ne laissent guère planer le doute: ce zoo était un assemblage de cages avec des animaux exhibés et mis en scène pour permettre à un homme de profiter de ce privilège insigne: entrer, comme un dompteur, dans la cage de ses lions... Du premier au dernier jour, il n'a pas bougé d'un iota sur sa formule et n'a rien vu ni compris des mutations en cours... On peut-être touché ou amusé par le personnage, mais on peut aussi être choqué par des conditions de vie semblables à celles d'Ermenonville, Montevran, Soyaux ou Ozoir, des structures carcérales qu'il ne s'est jamais vraiment soucié de faire évoluer, même quand son parc était fréquenté et rentable.
Je suis d'ailleurs toujours surpris que le fondateur de Calviac se réclame de lui tout autant que de Durrell, un homme qui, 13 ans plus tard, fonda lui aussi un zoo, sans exhibitions ni dressage, avec une collection classique, certes, mais qui a évolué très vite vers bien autre chose et surtout un parc qui s'est transformé en structure sans but lucratif pour soutenir, ardemment et viscéralement,la conservation.

[abel]

Les projets se précisent en tout cas. Et, sans grande suprise, nous voilà avec des lodges, des hôtels, des espèces "grand public" (rhinos, lions blancs, tigres...). Tout est dit ! Franchement, j'apprécie de moins en moins ce zoo que j'ai pourtant visité de nombreuses fois, et d'ailleurs j'espace de plus en plus mes visites (la dernière date du printemps 2014), alors que je n'habite pas très loin... Je ne suis pas du tout sûr d'y aller en 2017, peut-être si cette nouvelle zone asiatique est vraiment réussie. Mais permettez-moi de douter de ce dernier point: cette zone va être construite en fonction des lodges, comme pour la zone des tigres blancs (quelle réussite !) et non pas les lodges en fonction de la zone de départ, comme pour les autres lodges du zoo. Je trouve que le parallèle avec Amnéville devient de plus en plus frappant: l'un a choisi les hébergements insolites, l'autre les spectacles, mais la philosophie et la conception du reste du parc sont très similaires.

Mais, en dehors de la dimension ultra-commerciale assumée de ce masterplan, le plus grave, c'est que les hippopotames, les reptiles, les mandrills, les colobes, et surtout les pauvres chimpanzés vont continuer à végéter dans leurs horribles installations un bon moment encore...

Pour l'esprit insufflé par Jacques Bouillault, sérieusement, de quoi parlons-nous? Il a certes fondé en 1946 le premier parc privé, donc commercial, français (pour certains, c'est le début d'une nouvelle ère, pour moi, c'est la première goutte d'un poison redoutable), mais il a surtout créé une ménagerie sans chapiteau, avec entrées de cage et dressage à tous les enclos! Il aimait les bêtes, c'est sûr, mais bien plus pour lui que pour elles et même si la plupart des zoos du temps n'étaient pas terribles, il n'a guère fait beaucoup mieux... Les vieilles installations qui subsistent ne laissent guère planer le doute: ce zoo était un assemblage de cages avec des animaux exhibés et mis en scène pour permettre à un homme de profiter de ce privilège insigne: entrer, comme un dompteur, dans la cage de ses lions... Du premier au dernier jour, il n'a pas bougé d'un iota sur sa formule et n'a rien vu ni compris des mutations en cours... On peut-être touché ou amusé par le personnage, mais on peut aussi être choqué par des conditions de vie semblables à celles d'Ermenonville, Montevran, Soyaux ou Ozoir, des structures carcérales qu'il ne s'est jamais vraiment soucié de faire évoluer, même quand son parc était fréquenté et rentable.
Je suis d'ailleurs toujours surpris que le fondateur de Calviac se réclame de lui tout autant que de Durrell, un homme qui, 13 ans plus tard, fonda lui aussi un zoo, sans exhibitions ni dressage, avec une collection classique, certes, mais qui a évolué très vite vers bien autre chose et surtout un parc qui s'est transformé en structure sans but lucratif pour soutenir, ardemment et viscéralement,la conservation.

Je suis entièrement d'accord avec vous sur les conditions de vie des animaux du temps de Jacques Bouillault, et même si on ça reste très insuffisant à mon avis, les animaux sont tout de même mieux maintenant à La Flèche. Comme le dit Okapi, du temps de Jacques Bouillault, c'était un peu une "ménagerie sans chapiteau".
Concernant ta dernière phrase, il me semble que ce que Emmanuel Mouton appréciait le plus du parc de Jacques Bouillault était la dimension pédagogique. Jacques Bouillault était paraît-il un grand pédagogue, quelqu'un de passionnant à écouter, et qui faisait passer de véritables messages lors des visites guidées qu'il assurait quotidiennement au Tertre Rouge.

[okapi]

Disons que la mémoire de l'enfance assouplit un peu le sens critique... Raconter de belles histoires, de beaux souvenirs de brousse tout en expliquant à quel point il faut aimer les bêtes et les protéger, bien campé devant un bidet carrelé ou une cage cimentée avec des étagères pour poser les panthères, comment dire...

[raphaël]

Mettons de côté l'esprit de Bouillault et tout de même, attristons-nous, ou énervons-nous, je n'ai pas peur de l'écrire, qu'en 2016 en France un zoo qui cartonne financièrement sorte des projets uniquement centrés sur l'hotellerie et l'hébergement de luxe.
Vous imaginez ce qu'on attendrait comme projets si l'équipe d'Une saison au zoo s'était postée à la Vallée des Singes, à Doué, à Branféré, à Chizé, à Calviac, à Sainte-Croix... ?
La Flèche est en tout cas maintenant bien à l'image de son directeur : un lieu de businessman.

Mais cela pose tout de même une très intéressante question.
La Flèche avant Une saison au zoo, c'est un parc retombé à 160 000 entrées, en situation très délicate.
Cinq ans après, qu'est ce qui a changé dans le zoo ? Un nouvel enclos ? Une naissance extraordinaire ? Non, rien. Et une fréquentation presque triplée grâce à une émission de télé.
Alors, ce qui compte, est-ce bien le produit ou comment on en parle et comment il est connu ? Une grande question à mon sens pour le Bioparc de Doué. Certainement que la carrière himalayenne sera immense et superbe, mais le zoo a déjà un succès qualitatif excellent et est déjà un magnifique parc. Faut-il vraiment de nouveaux enclos et produits pour espérer enfin faire sortir la fréquentation de ces 220 000 visiteurs bon an mal an depuis quinze ans ? Ou faut-il simplement revoir complétement la façon de parler de l'établissement ?

[Elouan]

Mais, en dehors de la dimension ultra-commerciale assumée de ce masterplan, le plus grave, c'est que les hippopotames, les reptiles, les mandrills, les colobes, et surtout les pauvres chimpanzés vont continuer à végéter dans leurs horribles installations un bon moment encore...

C'est sur, j'aurai quand même espéré que ces enclos soient agrandies voir totalement déplacés vers la nouvelle zone.

[abel]

Bon, après, ils vont déplacer les girafes et les tigres de Sumatra, donc ça va laisser un espace libre qui permettra peut-être de reloger certaines espèces...ou pas.

[Elouan]

Bon, après, ils vont déplacer les girafes et les tigres de Sumatra, donc ça va laisser un espace libre qui permettra peut-être de reloger certaines espèces...ou pas.

Ou d'agrandir des enclos, espérons!

[okapi]

Il ne faut pas être naïf non plus: ce que le zoo de La Flèche vit aujourd'hui, c'est une situation très, très enviée par de nombreux parcs! Ce petit parc a eu beaucoup de chance, mais il a aussi très bien su capitaliser sur ses acquis: bien sûr, là où d'autres s'attachent à bâtir leur réputation sur des nouveautés zoologiques, ses patrons se sont engouffrés dans une brèche imprévue: l'accueil hôtelier haut de gamme associé à un phénomène de loisir populaire. Le différentiel essentiel, il est là: le pari, et l'enjeu, n'étaient pas gagnés d'avance et implanter l'idée du luxe dans un contexte qui en est très éloigné, c'était plutôt courageux. Evidemment, c'est une logique entrepreneuriale qui phagocyte l'idée même du zoo en offrant une "cage" dorée à des visiteurs privilégiés et s'éloigne d'autant des missions premières d'un zoo actuel. L'émission de télévision s'est greffée sur le projet et a donné des ailes au concept: désormais, toutes les nouveautés seront conçues en fonction de ce principe très anglo saxon du "resort": on peut détester l'idée, mais il ne faut pas se leurrer non plus, les zoos privés seront toujours à l'affût de tout ce qui peut booster le chiffre d'affaire et La Flèche ne fait que répondre à un besoin, avec élégance, mais aussi avec beaucoup d'intérêt.
Tout ça pour dire que le "produit" offert et vendu n'est effectivement pas toujours à la hauteur des résultats! Néanmoins, en doublant sa surface, La Flèche va aussi entrer dans une autre cour: avec 30 hectares aménagés, le zoo n'est plus un "petit" parc, mais devient susceptible de rivaliser symboliquement avec quelques autres zoos français...
Le plus difficile, c'est de comprendre ce qui rend un parc "désirable": quel autre parc, aux yeux de la télévision pouvait répondre aux attentes du grand public? Collection généraliste, mais avec sa poignée de curiosités, jolis enclos, petite équipe, décor approprié, zoo de proximité, régional, lisse et bien tenu... Un parc généraliste n'a pas les mêmes atouts, même avec des lions ou des gorilles... Des aurochs ne remplaceront jamais les éléphants et des colibris ou des calaos, s'il n'y a pas tout le reste... La télévision est prédatrice, mais elle est aussi très faussement naïve: la diversité des espèces correspond aux goûts des membres d'une famille, chacun trouve son compte dans chaque épisode et c'est ce qui fait le succès des épisodes au fil de la saison. La Flèche possède des singes, des fauves, des oiseaux, des reptiles, des grands herbivores spectaculaires, dresse des perroquets et des otaries, favorise le contact avec de jolis lémuriens: tout y est! Et tout est fait pour qu'au-delà de la belle vitrine, on entre dans le magasin! Beauval est sans doute trop grand et trop "arrogant" dans sa démesure, La Palmyre aurait sans doute pu correspondre aussi, mais la proximité du Mans, grande agglomération proche de Paris, a peut-être joué aussi. Doué était un bon candidat, mais la famille Gay avait-elle vraiment envie de jouer le jeu? Quel forme de marketing répondrait-elle le mieux à l'élégance de ce parc? Quelle perception du parc fait aujourd'hui défaut auprès du grand public pour qu'il fasse, enfin, de Doué un but de visite?

[Vinch]

La Flèche devait s'en sortir face au rouleau terriblement compresseur de Beauval, surtout depuis l'arrivée des pandas.
Et Stéphane et son équipe ont su le faire avec énormément d'intelligence et de savoir-faire. Il a trouvé un vrai filon encore inexistant en France. Ce n'est désormais plus un zoo classique mais un zoo & resorts: un complexe hôtelier de luxe avec des animaux de zoos, comme d'autres hôtels auraient des aquariums ou des bassins à koïs, ou même des volières et des faisanderies comme j'avais pu le voir quelque part à Jersey, il y a plusieurs années. Je pense que le nouveau concept de La Flèche est vraiment fait pour durer et pour rapporter toujours beaucoup. Peut-être des gorilles ou des varans de Komodo un jour mais les pandas, les colibris ou les okapis, ils s'en passeront très bien.
Quant à Doué, il deviendra sans doute nécessaire de proposer également à ses visiteurs de passer une nuit sur place mais il devra le faire avec beaucoup plus d'originalité et tout en restant dans leur philosophie, chose à laquelle ils tiennent énormément. en ont-ils déjà une idée ? Vu comme le parc est agencé, je vois mal des lodges s'y greffer, mais une formule de visites nocturnes avec dîner sur place, un partenariat avec un hôtel proche, une navette pour aller chercher les visiteurs candidats et les ramener à la fin, je pense que ce serait une très bonne idée. Après tout, des espèces suceptibles d'avoir une vie crépusculaire et nocturnes, ce n'est pas ça qui manque à Doué...

[abel]

A propos de Doué, voilà ce qu'on peut lire dans le dernier livre de Pierre Gay (Une promesse de nature):

je pense que François aimerait utiliser les cinq hectares que nous avons pu acheter près du parc pour que nos visiteurs vivent une expérience complémentaire. Pourquoi pas un hébergement combinant l'architecture troglodytique et l'observation des animaux ?