Merci à vous deux pour ce passage commenté.
Il est en effet inévitable de se questionner sur ce secteur lorsque l'on visite ce genre d'établissement. Et je dois bien avouer qu'il provoque chez moi des réactions ambivalentes.
Déjà, relativement peu de spécimens sont originaires du milieu naturel, même s'ils existent. j'ai notamment relevé des
Tribolonotus gracilis, un petit scinque crocodile rapidement menacé par la collecte pour ce marché ou des
Lepidothyris fernandi provenant d'Afrique de l'Ouest (de fermes d'élevage ou du milieu naturel ?)
Il est évident que toutes ces souches, même captives, sont originaires à un moment de prélèvements dans la nature.
Enfin, le site Mongabay avait publié un article passionnant sur la grande foire de Hamm, dédiée à l'herpétologie et des liens directs vers du trafic illégal, ou tout du moins dangereux pour certaines espèces
Lien vers l'article en anglais :
https://news.mongabay.com/2019/05/the-w ... affickers/D'un autre coté, l'existence de ce marché et de populations captives de reptiles menacés, notamment en raison d'aires de répartition limitées pourrait constituer un atout à long terme.
Le premier postulat est que la détention de reptiles est devenu quelque chose de "commun" et que l'interdire ne fera que pousser dans l'ombre du marché noir des transactions qui auront lieu de toute manière. Il est plus simple de réguler un marché avec des acteurs identifiés, des process administratifs et des lieux connus des autorités.
Ensuite, les espèces rares dans le milieu naturel le sont également dans le milieu de l'herpétologie. Par conséquent, ce sont avant tout des éleveurs avancés qui achèterons ces individus. Or, ces passionnés sont aussi les premiers à mettre en place des élevages de ces souches, même si ce n'est pas dénué d'intérêt financier. Une fois que l'espèce est reproduite couramment en captivité, il n'est tout simplement plus rentable de la prélever dans le milieu naturel.
Et tu pointes là un point important : il pourrait être intéressant que les zoos acquièrent certaines espèces menacées pour mettre en place un élevage organisé, éventuellement en incluant quelques éleveurs passionnés. Je prends l'exemple des lézards du genre
Abronia ou
Ctenosaura, dont les aires de répartition sont limités et les statuts traduisent des niveaux assez élevés de risque d'extinction.
En effet, pour les reptiles et amphibiens, les zoos jouent un rôle important de refuges pour les saisies et abandons d'animaux mais sont peu investis dans de véritables programmes d'élevage d'espèces menacées. C'est pourtant des taxons qui se multiplient bien plus vite que les mammifères et oiseaux et qui nécessitent moins de préparation pour une réintroduction. J'estime qu'il y aurait de nombreux succès "faciles" de conservation pour la communauté des zoos.