Medical training pour les ours du zoo de Mulhouse

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Medical training pour les ours du zoo de Mulhouse

Messagepar Philippe » Jeudi 13 Juillet 2017 23:29

Nanuq et sa mère à l’entraînement

Comme d’autres espèces, les ours polaires du zoo de Mulhouse (68) suivent un programme de « training médical », qui vise à faciliter les soins vétérinaires en évitant au maximum le stress. L’oursonne Nanuq, aujourd’hui âgée de 8 mois, fait elle aussi ses exercices, toujours avec sa mère, Sesi. Et avec un bonheur variable.

Une grosse mailloche en bois dans une main, un seau rempli de pain d’épices, dans l’autre. Delphine Jacquot, soigneuse au secteur des carnivores au parc zoologique et botanique de Mulhouse, est équipée pour la séance de « training médical » de l’oursonne polaire Nanuq et de sa mère Sesi. Marine Baconnais, chef animalière, l’accompagne. Chacune va s’occuper d’une ourse, en même temps et au même endroit, car séparer la mère et la fille est encore difficile.

Les deux ourses ont été attirées dans le bâtiment et la courette attenante. « Allez, les poulettes, on y va ! » Appâtées par le pain d’épices, Nanuq et Sesi piaffent derrière le grillage. « Target, Nanuq ! » Delphine dresse sa mailloche contre le grillage et l’oursonne doit venir y coller son museau. « Ouiii ! C’est bien, ma fille… » Un morceau de pain d’épices vient récompenser chaque exercice réussi.

« Il faut toujours finir sur du positif »

Ouvrir la bouche, montrer la langue, se dresser contre le grillage, se coucher. « Up », « down », « tongue », « open » : le training est en anglais, la langue universelle dans les zoos aussi. « On sait que les animaux ne vont pas forcément rester ici… Et les mots utilisés sont secs et courts » , explique Delphine, qui associe un geste à chaque injonction. Deux doigts pointés vers l’animal par exemple, pour signifier tongue.

Ce jour-là, Sesi est nerveuse. Bien vite, elle s’éloigne et refuse de poursuivre les exercices. Nanuq est partagée entre l’envie de suivre sa mère et l’attrait du pain d’épices. « Vendredi dernier, c’était magique ! Elles étaient toutes les deux hyper concentrées. Mais là, c’est pas leur journée… » , remarque Delphine. Qu’importe, les soigneurs font avec : « On a des récompenses mais pas de sanction… Les animaux marchent à l’affectif et à la confiance. Les entraînements sont toujours très courts et doivent se terminer sur quelque chose de positif. »

Cependant, à raison d’une séance par semaine, au moins, avec les ours, « on espère bien, à court terme, réussir à leur faire passer les pattes par une ouverture pour leur faire des prises de sang », explique Marine Baconnais. Car dans « training médical », il y a bien médical… Le but de cet entraînement très spécifique, c’est en effet « de travailler à des exercices qui permettent d’avoir des interventions vétérinaires avec la contribution de l’animal, en évitant au maximum le stress » , explique la responsable animalière, qui s’est rendue en stage au zoo de San Diego, en mai dernier, pour s’informer sur le sujet.

« Là-bas, ils font des prises de sang aux ours polaires, mais aussi des radios et des échographies sans anesthésie , explique la jeune femme. Ils leur mettent également des colliers émetteurs pour aider à l’interprétation des tracés émis par les colliers posés sur des ours vivant à l’état sauvage. » Un outil pour la recherche aussi.

Au zoo de Mulhouse, s’il n’est pas aussi poussé encore, le training médical n’est pas une nouveauté. Il est pratiqué depuis des années chez les otaries, mais aussi désormais chez plusieurs espèces de singes, les lémuriens, les pandas roux, les loutres… Avec des exercices spécifiques à chaque espèce. Grace au training médical, on sait par exemple qu’une des femelles pandas pèse 4,3 kg (elle a accepté de monter sur la balance). Un soigneur travaille aussi avec les loups « pour observer leurs petits bobos ».

« Et on a même réussi à faire une échographie à la femelle propithèque », ajoute Marine Baconnais. Sans stress et sans qu’elle lèche le gel sur son ventre !


Le chiffre : 70 kilos

70 kilos : c’est grosso modo, le poids actuel de Nanuq. Grosso modo car l’oursonne n’est pas passée sur la balance, c’est un poids estimé par le vétérinaire… « Et sans doute sous-estimé ! », note Marine Baconnais, la responsable animalier.
Rappelons que l’oursonne pesait environ 400 grammes à sa naissance, il y a huit mois, le 7 novembre dernier. Sa taille est estimée à 75 cm, 120 cm lorsqu’elle se dresse sur ses pattes arrières, précise encore le « bulletin de santé » du zoo, qui note que « l’embonpoint, notamment au niveau des épaules et de fesses, synonyme à la fois de bonnes graisses et de muscles, ainsi que la qualité de son pelage et l’harmonie de sa croissance nous donne des indications très positives sur la santé et le moral de Nanuq ».

Bref, la jeune fille va très bien, elle joue énormément, avec ou sans sa mère – dont elle est de plus en plus indépendante –, en reproduisant dans ses jeux les gestes de ses congénères sur la banquise en période de chasse : courir, sauter pour attraper, changer de direction rapidement, plonger. Au niveau de l’alimentation, si elle continue de téter sa mère plusieurs fois par jour, elle mange tout ce que mangent les adultes : poisson, viande, fruits et légumes.

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« Tongue, Nanuq ! » Un mot, un geste de la part de Delphine Jacquot, soigneuse, et Nanuq comprend ce qu’elle a à faire. Pendant ce temps, Marine Baconnais, responsable animalière (à l’arrière), s’occupe de Sesi, peu attentive ce jour-là.
Source (avec reportage vidéo) : www.lalsace.fr/haut-rhin/2017/07/13/nan ... trainement
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