Au zoo de Lille, comme dans de nombreux zoos, on pratique avec les animaux le « training », ou « medical training », des séances de petits exercices pour que les animaux s’habituent à certains contacts et ne craignent plus le vétérinaire. Exemple avec les deux plus craquants du parc lillois, les panda roux.
Ce matin-là, Pong est en forme. Il marche d’un pas assuré d’un tronc d’arbre à un autre, surplombant le zoo. Le mâle panda roux est prêt. Prêt pour son « training ». Le mot anglais signifie entraînement. Mais pour Pong, rien d’épuisant, ce sont globalement dix minutes de papouilles. Des papouilles utiles, car tout l’exercice, répété chaque jour, consiste à habituer l’animal à quelques gestes et contacts humains. « La visée est médicale », précise Romain Morinière, conseiller scientifique. « On ne lui apprend pas à faire des numéros pour le public, c’est un travail fait pour la vétérinaire », ajoute Anaïs. Vérane et elle sont les soigneuses attitrées des deux pandas roux du zoo, Pong, un mâle de 12 ans et demi, et Zuan, une femelle de 15 ans et demi.
« La poire, c’est son pêché mignon »
Ce matin-là donc, les soigneurs entrent dans l’enclos pour déposer sur le plan de travail en bois une cagette en plastique. Ni une ni deux, Pong se presse vers elles. Il connaît l’exercice. « Dedans ! Dedans ! », l’encourage Vérane. L’animal grimpe dans le bac. Et aussitôt, a droit à un morceau de poire. « La poire est son péché mignon. » Il en raffole. C’est avec ce fruit que la soigneuse peut travailler avec lui. Tous les soigneurs le savent : il faut trouver ce qui fait plaisir à l’animal et rythmer la séance avec ces récompenses.
Pong n’est jamais serré, pris dans les bras, contraint
« L’exercice du bac, c’est utile lorsqu’on veut le peser », décrypte Anaïs, ressortie de l’enclos. Vérane poursuit le training : « On va mettre la queue. » Et elle accompagne cette phrase (« toujours la même, quel que soit le soigneur ») d’un geste délicat de la main pour que l’animal soit entièrement dans le bac. À l’aide d’un autre morceau de poire, Pong se laisse toucher les flancs. « On pose juste la main, pour l’habituer au stéthoscope », explique Anaïs. « On a commencé le training car on soupçonnait des vers pulmonaires », explique Romain Morinière. Mais Pong et Zuan sont en bonne santé, malgré leur grand âge. Ils souffrent juste d’arthrose.
Étape suivante : Vérane écarte les poils le long de la colonne vertébrale, « au cas où on aurait besoin de lui mettre une pipette ». Et encore un morceau de poire ! Puis l’animal se met debout sur ses pattes arrière et la soigneuse appose ses mains sur le ventre. « Quand il n’est pas d’humeur, il s’en va », sourit Romain. Pong n’est jamais serré, pris dans les bras, contraint. Et le training ne dure que dix minutes.
Soudain, le panda fait demi-tour, une énorme demi-poire dans la gueule, et va la déguster tout en haut d’une branche. Cette méga-récompense marque la fin de l’’exercice. Et contient son médicament anti-arthrose. L’adorable Pong n’y verra que du feu.
En attendant la réouverture, un concours photos
La réouverture est prévue le 6 février. D’ici là, le zoo propose aux visiteurs d’envoyer leurs plus belles photos d’animaux prises dans le parc, via Facebook, en message privé. Les plus beaux clichés seront exposés au zoo le 6 février (c’est le public qui vote, jusqu’au 4 janvier). www.facebook.com/zoolille
Bio express
- Zuan, la femme panda roux, est née il y a quinze ans et demi.
- Pong, le mâle, est lui né il y a douze ans et six mois.
- Zuan et Pong sont arrivés au zoo de Lille en 2007.
- Ils ont conçu un bébé en 2009. Bébé panda est rapidement parti vers un autre zoo.
Le saviez-vous ?
Si l’espérance de vie d’un panda roux en milieu naturel est de deux ans, les vénérables lillois ont de la marge, car en captivité, cette espérance de vie augmente. Le plus vieux panda roux d’Europe, vivant dans un zoo, a… 24 ans. Le panda roux passe plus de treize heures par jour à manger et dort beaucoup. Pour bien les apercevoir à Lille, l’idéal est de passer le matin. Le panda mange principalement du bambou, difficile à digérer et peu énergétique. Il consomme aussi des baies, des fleurs, des œufs d’oiseaux.
D’autres trainings
Les soigneurs du zoo lillois font aussi du training avec les coatis (mammifères d’Amérique du Sud), avec les binturongs (mammifères d’Asie), les gibbons ou encore le tapir. Ce dernier, lors du training, n’est pas récompensé avec de la nourriture, mais avec des câlins. C’est son truc, il adore les grattouilles. Pendant ce temps, par exemple, on l’habitue à la piqûre d’une seringue sur le flanc. Les gibbons, eux, sont dans un training plus délicat. Une véritable école de patience pour les soigneurs, qui essaient de les habituer à leur nouvel abri et à les y nourrir.
Le chiffre : 4,63 kilos
C’est le poids en kilos de Pong, lors de sa dernière pesée il y a un mois. Il faut savoir que la queue du panda est quasiment aussi longue que son corps. Il s’en sert comme oreiller ou couverture !
Source : la Voix du Nord.