Barcelone : quelques cobes noirs, une forêt inondée et les souvenirs du gorille blanc
Copito de Nieve au Parc Zoològic
de Barcelona - juillet 1995
Juillet 2009, j'ai l'occasion de retourner à Barcelone et de redécouvrir le fameux Parc Zoològic de Barcelona (www.zoobarcelona.com) que j'avais visité pour la première fois en juillet 1995, alors que Copito de Nieve était encore une des grandes mascottes de l'établissement. A la suite de son décès en novembre 2003, l'équipe du parc se doit de continuer sans cette figure emblématique. Depuis ma dernière visite, il y a quatorze ans déjà, beaucoup de choses ont changé et de nombreuses nouvelles installations ont été réalisées.
Les prémisses du Parc Zoologique de Barcelone remontent à la fin du XIXe siècle lorsque un riche banquier et homme d'affaires local proposa de vendre à la ville de Barcelone sa collection privée d'animaux exotiques, qu'il maintenait dans une large propriété aux abords de la ville. Le conseil municipal accepta cette offre et installa ces animaux dans le Parc de la Ciutadella, où avait eu lieu l'Exposition universelle de 1888 et dont il restait encore de nombreux bâtiments impressionnants. Le Parc Zoològic de Barcelona fut inauguré le 24 septembre 1892 et devint rapidement un lieu incontournable pour les Barcelonais, d'autant plus que son entrée resta intégralement gratuite jusqu'en 1927. A cette période, le Zoo de Barcelone était devenu une institution importante, qui possédait une large collection d'animaux et avait déjà inclus dans ses objectifs la conservation de la biodiversité et l'éducation du public. La Guerre d'Espagne, qui dura de 1936 à 1939, fut une période particulièrement rude pour le parc zoologique et à la fin de celle-ci il ne restait plus grand-chose de sa grandeur d'avant-guerre. Du fait des pénuries qui suivirent cette période trouble et de la Seconde Guerre Mondiale qui faisait alors rage en Europe, la décennie suivante fut également difficile et l'idée de fermer l'établissement fut évoquée. Néanmoins, les années 1950 virent un renouveau pour le Parc Zoologique de Barcelone avec, entre autres, l'arrivée à la tête du zoo d'Antono Jonch i Cuspinera et l'allocation de nouveaux fonds municipaux. Durant les trente années qui suivirent, le Zoo de Barcelone effectua probablement ses plus grands changements, passant d'abord d'une surface de 2,5 hectares à près de 10 hectares en 1958, puis 12 hectares en 1963. De plus, toutes les anciennes installations furent rénovées et de nombreuses nouvelles furent bâties. De 1959 à 1969, le Zoo de Barcelone maintint également un centre d'expérimentation et d'acclimatation en Guinée équatoriale, colonie espagnole. Ceci joua un rôle très important dans l'apport de nouveaux spécimens pour le Parc Zoologique de Barcelone en cours de refonte et c'est d'ailleurs de là que fut envoyé Copito de Nieve en 1966.
Le Parc Zoològic de Barcelona, géré aujourd'hui par une société anonyme municipale, s'est imposé comme un des grands zoos européens, situé dans une capitale particulièrement touristique, de plus d'1,6 million d'habitants. Il participe à de nombreux programmes d'élevage, est membre de l'EAZA et de la WAZA, et présente une collection d'environ 7500 animaux appartenant à plus de 400 espèces. Sa superficie actuelle est de 13 hectares et environ 900 000 visiteurs sont accueillis chaque année.
Mangabeys couronnés
- juillet 2009
Du fait de son passé, de sa situation géographique, mais aussi des choix des dernières décennies, le Parc Zoològic de Barcelona a un profil très similaire à celui du Jardim Zoológico de Lisboa au Portugal. Comme lui, il possède une collection très importante de primates. Lors de ma visite en juillet 2009, j'ai compté pas moins de 24 espèces de primates, dont les fameux mangabeys Cercocebus torquatus et Cercocebus atys lunulatus, dont le Zoo de Barcelone gère les programmes d'élevage européens, EEP pour C. atys lunulatus et ESB pour le C. torquatus. La seconde sous-espèce du C. atys, le C. atys atys, est également géré sous ESB par le Zoo de Barcelone, mais n'ai présenté que dans une poignée de zoos européens. La galerie des singes de l'Ancien Monde, construite en 1987, héberge plusieurs autres espèces dont les très rares cercopithèques hocheurs (Cercopithecus nictitans martini) et un beau groupe reproducteur de talapoins (Miopithecus talapoin).
Trois espèces d'anthropoïdes, représentées par deux groupes de gorilles des plaines de l'ouest (Gorilla gorilla gorilla), un groupe de chimpanzés (Pan troglodytes) et un autre d'orangs-outans de Bornéo (Pongo pygmaeus), sont encore présentes à Barcelone. Leurs installations, bien que rénovées au cours des dernières années, sont de superficie relativement petite. J'ai personnellement toujours beaucoup de mal à comprendre le maintien de plusieurs espèces d'anthropoïdes dans une même institution, surtout dans un parc urbain de faible surface. Néanmoins, il est vrai que le Zoo de Barcelone a un riche passé dans l'élevage de ces espèces, surtout du fait de ce fameux gorille blanc, nommé Copito de Nieve, arrivé tout jeune à Barcelone en 1966, et finalement euthanasié en novembre 2003, après une longue maladie. La découverte d'un tel individu et sa venue en Europe à la fin des années 1960 ont marqué le monde scientifique et Copito est toujours resté une grande attraction du zoo et de la ville. Aujourd'hui, une exposition, récemment bâtie à l'emplacement de l'ancien enclos des éléphants asiatiques, retrace son histoire, ainsi que la relation du Parc Zoològic de Barcelona avec les gorilles et l'état actuel de nos connaissances quant à ces mammifères si proches de nous.
Exposition à propos de Copito et
des gorilles - juillet 2009
Au cours de son existence, Copito de Nieve s'est reproduit avec trois femelles et a engendré 21 petits entre 1973 et 1986. Seuls 9 (3.6) de ces animaux ont survécu leur premier mois et 4 (1.3) sont encore en vie à l'heure actuelle. Il semblerait que l'albinisme de Copito était dû à un unique allèle récessif et il est donc probable qu'un tel gorille blanc réapparaisse naturellement dans une population captive ou sauvage. Depuis 1998, la reproduction des gorilles à Barcelone a repris avec Xebo, un mâle né en 1985 à Rotterdam et transféré en Espagne en 1996. Il vit aujourd'hui avec deux des dernières filles de Copito et leurs rejetons respectifs nés en 2006. Le second groupe de gorilles est constitué d'un mâle et de quatre jeunes femelles. De rares drills (Mandrillus leucophaeus) sont encore présentés dans ce complexe des grands singes, ainsi qu'un groupe de mandrills (Mandrillus sphinx) dans l'ancienne fosse des babouins. Les îlots, situés non loin du delphinarium, accueillent aujourd'hui quelques atèles variés (Ateles hybridus), autre espèce peu courante en captivité et en danger critique d'extinction. Enfin, la galerie des callithricidés, aménagée en 1990, héberge sept espèces de cette famille.
Une des autres attractions majeures du Parc Zoològic de Barcelona est, sans conteste, sa présentation de grands dauphins (Tursiops truncatus). Un des premiers delphinariums d'Europe fut ouvert ici en 1968, selon le modèle du Miami Seaquarium (Etats-Unis). Dès 1965, une première piscine extérieure expérimentale avait d'ailleurs été installée pour accueillir les premiers dauphins. Cette piscine existe toujours et se nomme l'Aquarama. En sus, le bâtiment couvert, inauguré en 1968, est lui aussi toujours utilisé et abrite quelques individus supplémentaires. Les grands dauphins se reproduisent depuis plusieurs années à Barcelone, de façon plus ou moins régulière. Un orque mâle, nommé Ulises, fut aussi présenté à partir de 1983. Capturé dans les eaux islandaises en 1980, il vécut d'abord quelques années à l'Aqualeon d'Albinyana (alors appelé Rio Léon Safari Park et dont nous reparlerons plus loin) avant de rejoindre Barcelone en 1983. Finalement, en 1994, Ulises fut envoyé sous contrat au SeaWorld San Diego (Etats-Unis).
Le Parc Zoològic de Barcelona est également reconnu internationalement pour sa collection de crocodiliens. En juillet 2009, j'ai pu y observer six espèces : crocodile du Siam (Crocodylus siamensis) et crocodile des marais (C. palustris), caïman à museau large (Caiman latirostris), caïman nain de Cuvier (Paleosuchus palpebrosus), crocodile à front large (Osteolaemus tetraspis) et alligator de Chine (Alligator sinensis).
Jeune crocodile du Siam à Barcelone - juillet 2009
Plusieurs autres espèces étaient encore présentes peu de temps auparavant ou le sont encore probablement dans les coulisses : crocodile de Morelet (Crocodylus moreletii), crocodile indopacifique (C. porosus), crocodile du Nil (C. niloticus), crocodile de Cuba (C. rhombifer), caïman à lunettes (Caiman crocodilus), caïman yacare (C. yacare) et alligator d'Amérique (Alligator mississippiensis). Le vivarium, inauguré en 1972, et doté également d'une serre pour présenter tous ces crocodiles, était partiellement en travaux en 2009, d'où l'absence aussi peut-être de plusieurs de ces crocodiliens. Parmi tous ces terrariums, globalement de superficie correcte et bien végétalisés, c'est surtout une petite exposition à propos des amphibiens et des reptiles locaux qui a attiré mon attention. J'ai pu y découvrir des crapauds communs (Bufo bufo), des rainettes méridionales (Hyla meridionalis), des Alytes muletensis, amphibien endémique de Majorque, des couleuvres à échelons (Elaphe scalaris), des vipères de Lataste (Vipera latastei) et des couleuvres de Montpellier (Malpolon monspessulanus).
Rhinocéros blanc - juillet 2009
Une autre installation remarquable du Zoo de Barcelone est sans aucun doute la fameuse zone africaine inaugurée en 1962. Sur moins d'un demi-hectare, celle-ci permettait, et permet d'ailleurs toujours, l'observation de toute la grande faune africaine, dans plusieurs petits enclos séparés par de discrets cours d'eau. Les bâtiments, à moitié enterrés et situés sous la passerelle des visiteurs, ne gâchaient pas le paysage et le charme de ce petit bout d'Afrique ! A l'époque, l'effet était probablement très réussi et l'impression pour les visiteurs d'observer tous ensemble éléphants, rhinocéros, hippopotames, girafes et autres grands herbivores devait être très forte. Néanmoins, tous ces animaux étaient séparés et vivaient sur de petits plateaux bétonnés.
De 1959 à 1970, le Zoo de Barcelone présentait des rhinocéros noirs ; depuis 1970, il s'est concentré sur l'élevage des rhinocéros blancs, et présente actuellement deux mâles. A partir des années 1960, il était également possible de voir à Barcelone à la fois des éléphants africains et des éléphants asiatiques ; depuis le départ de la dernière éléphante asiatique en 2002, seule la première espèce est encore présente.
Au cours de la dernière décennie, la zone africaine a subi d'importantes rénovations, avec l'ajout de nombreuses barrières, faux rochers, l'utilisation des anciens cours d'eau pour agrandir quelque peu les différents enclos... mais la structure de base est toujours la même et le nombre d'espèces, en tous cas les plus grosses, n'a pas été réduit ! En 2009, j'ai pu y observer encore deux éléphantes d'Afrique, deux rhinocéros blancs, quatre hippopotames amphibies, quatre girafes de Rothschild (Giraffa camelopardalis rothschildi) et enfin un petit groupe de blesboks (Damaliscus pygargus phillipsi). Une densité de gros mammifères africains probablement inégalée dans aucun autre parc zoologique ! Des efforts incontestables ont bien sûr été effectués, comme l'agrandissement des différents enclos, un enrichissement du milieu, l'apport d'un second éléphant en provenance d'Aqualeon pour tenir compagnie à l'éléphante solitaire de Barcelone... Mais n'aurait-il pas mieux fallu justement réduire drastiquement le nombre d'espèces de cette zone, ne conserver qu'une des quatre grosses espèces précitées et lui aménager un enclos moderne et innovant ? L'amoncellement et l'accumulation de barrières et clôtures diverses dans cette zone n'est pas du meilleur effet et démontre encore qu'il n'est vraiment pas facile de faire du neuf avec du vieux !
La nouvelle installation des oiseaux du Zoo de Barcelone est toute récente et a été bâtie sur l'emplacement de l'ancienne structure qui datait elle-aussi de 1972. Elle inclut un bâtiment principal couvert, où sont reconstitués différents milieux et biotopes. L'enclos des jacanas noirs (Jacana jacana) est particulièrement réussi et expose à merveille la capacité de ces oiseaux à marcher sur la végétation immergée sans s'y enfoncer. D'autres espèces encore, comme le pic à dos rouge (Dinopium javanense) ou le martin-chasseur à poitrine bleue (Halcyon malimbica), ont attiré mon attention pendant cette visite. A proximité de ce bâtiment se trouve une série de hautes volières pour psittacidés. Réalisées en grillage épais et solide, probablement nécessaire pour le maintien de tels oiseaux au bec crochu, l'impression générale est tout de même très lourde et peu engageante pour de tels volatiles. Néanmoins, les possibilités d'évolution et d'escalade sont bien développées grâce à la hauteur des volières. Lors de ma visite, j'ai également pu observer à cet endroit une colonie férale d'amazones, particulièrement bruyante, et apparemment attirée par leurs congénères captifs. Le Zoo de Barcelone est d'ailleurs aussi connu pour abriter une importante colonie de plus d'une centaine d'hérons cendrés sauvages et réalise de nombreuses études à propos de ces oiseaux.
Bouquetin d'Espagne - juillet 2009
Dans cette même zone, il ne faut pas manquer la Muntanya de Montserrat, la Montagne de Montserrat, vestige de l'Exposition universelle de 1888 où sont présentés aujourd'hui caprins et vautours. Un petit groupe de bouquetins d'Espagne (Capra pyrenaica hispanica) vit d'ailleurs sur l'un de ses flancs. Une autre espèce ibérique pour laquelle le Parc Zoològic de Barcelona s'investit énormément est le loup ibérique (Canis lupus signatus). Le programme d'élevage EEP pour cette espèce est géré par un des curateurs de Barcelone. Malheureusement ce travail est peu mis en avant directement au zoo, le bel enclos ne semble être utilisé plus que pour un seul loup et la sous-espèce si particulière n'est même pas évoquée sur le panneau d'identification !
Dans la partie nord du Zoo de Barcelone, je trouve encore un nouvel enclos pour un groupe de lycaons (Lycaon pictus), avec plusieurs points de vision vitrés. Quelques impalas à mufle noir (Aepyceros melampus petersi) sont également présentés à proximité ; il s'agit d'une sous-espèce maintenue en captivité en Europe uniquement ici et au Zoo de Lisbonne (Portugal). Une autre espèce emblématique d'ongulés est élevée à Barcelone : la gazelle dorcas (Gazella dorcas neglecta). En collaboration avec le Parque de Rescate de Fauna Sahariana d'Almería (Espagne), un programme de réintroduction a été établi au Sénégal, où cette espèce avait disparu depuis le début des années 1990. Plusieurs animaux du Zoo de Barcelone ont été envoyés sur place en mars 2009.
En décembre 2005, le Parc Zoològic de Barcelona a obtenu deux jeunes varans de Komodo (Varanus komodoensis). Ces deux animaux, de sexe mâle, sont nés au Reptilandia Park de Gáldar (Gran Canaria) en septembre 2004, institution qui a d'ailleurs réussi la première reproduction captive de cette espèce en Europe, en février 2004. Les deux varans de Barcelone ont maintenant bien grandi et ont atteint une taille respectable ; ils sont présentés dans un bâtiment provisoire dans l'attente de la construction d'une nouvelle installation qui leur sera dédiée. Celle-ci sera située entre les enclos des ours bruns et le delphinarium couvert. De plus, des muntjacs d'Inde (Muntiacus muntjak) vivront également dans cette future zone. Cette espèce, qui se retrouve également en Indonésie, est plutôt peu courante en captivité ; une femelle était déjà présente à Barcelone en juillet 2009. Dans cette même zone du parc, je trouve encore les installations des grands fauves, deux plateaux pour lions et tigres, mais surtout cette installation pour félins, construite en 1985. Très brute et géométrique, celle-ci ne m'avait pas séduit en 1995 lors de ma première visite, mais une végétation exubérante a pris maintenant ses droits et offre de multiples possibilités de retrait pour les jaguars, panthères et lynx qui y vivent.
Un nouvel ouvrage historique à propos du Zoo de Barcelone vient tout juste d'être publié cette année. Intitulé « Parc del Zoo, El corazón de la Ciutadella », il retrace l'histoire, l'état actuel et les projets futurs de l'institution. Un nouveau master plan est décrit dans le dernier chapitre de cet ouvrage. A terme, la superficie du Parc Zoològic de Barcelona devrait être réduite et sera divisée en cinq zones principales : la savane africaine, la steppe asiatique, les forêts d'Asie du Sud-Est, d'Afrique centrale et d'Amérique du Sud. De plus, un nouveau parc aquatique devrait être bâti à trois kilomètres au nord de la Ciutadella, au bord de la côte. Le transfert des dauphins vers ce nouvel établissement est bien sûr envisagé, et le retour de l'orque Ulises a également été évoqué.
Museu de Ciències Naturals de la
Ciutadella - juillet 2009
Il serait dommage de visiter le Parc Zoològic de Barcelona sans aller flâner ensuite dans le Parc de la Ciutadella où se trouvent encore plusieurs bâtiments et nombreux vestiges de l'Exposition universelle de 1888. Le Museu de Ciències Naturals de la Ciutadella, musée d'histoire naturelle de Barcelone, est installé depuis 1917 dans El Castell dels Tres Dragons, superbe et étrange bâtiment qui avait été conçu comme restaurant principal de l'exposition précitée. Le musée offre une atmosphère très particulière avec son parquet ciré, ses vieilles vitrines, ses balcons intérieurs... Les spécimens naturalisés sont d'une diversité importante, avec quelques surprises même si certains d'entre eux sont maintenant anciens et ne rendent pas toujours à merveille la beauté ou les couleurs de l'espèce représentée. Une visite au Museu de Ciències Naturals de la Ciutadella reste un très bon complément à une journée passée au Parc Zoològic de Barcelona.
La ville de Barcelone est déjà dotée d'un aquarium, L'Aquàrium de Barcelona (www.aquariumbcn.com). Celui-ci a été inauguré en 1995 et est aujourd'hui membre de l'EAZA. Il a été racheté en 2000 par le groupement Aspro-Ocio, groupe espagnol créé en 1991, qui gère actuellement plus d'une trentaine de parcs de loisirs à travers toute l'Europe. Environ 11 000 animaux de 450 espèces sont présentés à L'Aquàrium de Barcelona, qui se concentre sur une thématique méditerranéenne, avec une trentaine de bacs, totalisant 6 millions de litres d'eau. La configuration et l'aménagement des différents bassins m'ont paru assez basiques lors de ma visite et certains des décors, en particulier les faux coraux, ont mal vieilli depuis 1995, mais le concept de présentation est assez ingénieux. Chaque bassin possède une thématique et un concept particulier, tel qu'un biotope précis, une profondeur donnée, certaines espèces choisies...
Bassin principal de L'Aquàrium
de Barcelona - juillet 2009
Le bassin principal, circulaire avec un diamètre de 36 mètres et une profondeur de 5 mètres pour un total de 4,5 millions de litres d'eau, est sans conteste très impressionnant. Un demi-tunnel, suivi d'un tunnel complet, le tout totalisant 80 mètres de long, permet une approche de la diversité qui nage dans ces eaux. Parmi les différentes espèces de requins présentes, c'est surtout les impressionnants requins-taureaux (Carcharias taurus) qui attirent l'attention, ou encore deux étranges môles (Mola mola). La visite de la première partie de l'aquarium se termine avec deux bacs pour de superbes dragons des mers Phycodurus eques et Phyllopteryx taeniolatus. A l'étage, deux expositions ont été aménagées plus récemment. Nommées Explora! et Planeta Aqua, elles incluent de nombreux panneaux et structures interactifs pour les enfants, ainsi que la présentation d'autres espèces, telles qu'une petite colonie de manchots de Humboldt (Spheniscus humboldti) ou encore quelques reptiles et amphibiens. Un passage par la boutique me permet de découvrir que le guide de visite est disponible en au moins sept langues différentes, une diversité rarement retrouvée dans aucun autre espace zoologique !
La véritable surprise de Barcelone est à trouver sur les hauteurs de la ville, dans un des quartiers les plus chics, la Sarrià-Sant Gervasi. CosmoCaixa est un vaste musée scientifique, à l'instar de celui de La Villette à Paris. Il a été inauguré en 2004 par la fondation La Caixa, la caisse d'épargne de Barcelone. L'entreprise est d'ailleurs la première caisse d'épargne d'Europe, la troisième entité financière et bancaire d'Espagne et la première de Catalogne. ComosCaixa est une des réalisations sociales de cette banque.
Pour l'installation de CosmoCaixa, un complexe de bâtiments modernes a été ajouté aux structures anciennes existantes sur place ; le tout totalise aujourd'hui 50 000 m² d'exposition. La spécificité de CosmoCaixa est qu'il nous permet de découvrir à travers les cinq sens l'évolution de la vie, les états de la matière, les lois de la nature, le monde de la biologie... Plusieurs aquariums et terrariums sont inclus dans l'espace principal d'exposition, situé au cinquième sous-sol. Ils permettent d'aborder et d'expliquer le camouflage, l'aposématisme, les symbioses, la bioélectricité, les modes de vie sédentaires et nomades, le passage de la vie aquatique à la vie terrestre... mais c'est sans aucun doute la reconstitution d'une forêt inondée qui représente la plus grosse surprise zoologique de l'institution ! Le Bosc inundat est installé dans une gigantesque serre d'une surface de plus de 1000 m² et d'une vingtaine de mètres de hauteur. La diversité botanique, le réalisme des quelques arbres factices qui ornent la serre, les pluies régulières, les différentes approches et points de vision sur les bassins et la faune terrestre en font une installation remarquable.
Forêt inondée de CosmoCaixa - juillet 2009
Alors que la pédagogie est tellement développée dans les autres expositions, il fut un peu frustrant de ne pas retrouver ici plus d'informations à propos de l'écologie d'une forêt inondée, sa formation et son évolution, ainsi que les menaces actuelles qui pèsent sur ce biotope. Néanmoins, de courtes visites guidées de trente minutes, en catalan, sont proposées quotidiennement dans le Bosc inundat. La thématique de la serre de CosmoCaixa a été concentrée sur l'Amazonie et la faune présentée va des poissons aux oiseaux, en passant par les reptiles et les mammifères. Ces derniers sont représentés par des capybaras (Hydrochaeris hydrochaeris) présentés dans un enclos délimité dans la serre. Un anaconda de Barbour (Eunectes murinus), ainsi que des boas canins (Corallus caninus) qui cohabitent avec des dendrobates (Dendrobates sp.), sont également présentés dans des terrariums séparés. Il en est de même pour la colonie de fourmis coupeuses de feuilles.
Les bassins sont peuplés d'une riche diversité de poissons ; des caïmans hérissés (Paleosuchus trigonatus) occupent également une partie du plan d'eau. J'ai surtout été impressionné par l'important volume consacré aux oiseaux et, avec un peu de patience, j'ai pu observer diverses espèces, dont de rares savacous huppés (Cochlearius cochlearius), superbes oiseaux si particuliers, des dendrocygnes à ventre noir (Dendrocygna autumnalis), des caurales soleils (Eurypyga helias), des râles ypécahas (Aramides ypecaha), des agamis trompettes (Psophia crepitans) et un couple de cassiques huppés (Psarocolius decumanus).
Un planétarium et diverses expositions pour les enfants, accessibles à des horaires précis, complètent une visite à CosmoCaixa. L'une de ces expositions, nommée Toca Toca!, est également consacrée à une découverte de la faune par l'intermédiaire de la présentation et de la mise en contact avec quelques reptiles et petits mammifères. CosmoCaixa dispose encore d'un vaste espace extérieur et d'une cafétéria, mais c'est surtout la boutique qu'il ne faut pas manquer avant de quitter les lieux ! Celle-ci dispose d'une très riche collection d'ouvrages, allant des livres de Gerald Durrell à des guides d'identification de la faune espagnole, en passant par de superbes albums de photographies.
Je ne pouvais pas passer à Barcelone et ne pas aller jeter un œil à Aqualeon (www.aqualeon.es), safari situé à Albinyana, à environ 80 kilomètres au sud de la ville. Au courant des derniers mois, j'ai en effet entendu parler de plus en plus de cet établissement et ai eu vent de rumeurs à propos d'un groupe de rares cobes noirs. J'ai donc pris rendez-vous avec Dr Jordi Aguiló Gisbert, le vétérinaire d'Aqualeon, qui gère également la collection animale de l'établissement.
Aqualeon a été créé par un riche investisseur américain au courant des années 1970, à une période où les parcs visitables en voiture fleurissaient en Europe. Il était alors appelé Rio Léon Safari Park et c'est souvent ce nom qui est retrouvé dans les rares sources historiques qui mentionnent cet établissement. Du fait de la proximité de la côte et de la grande ville de Barcelone, de l'engouement d'alors pour ce type de parcs et de la zone d'implantation très touristique, Aqualeon connut une période faste. Les visiteurs affluaient et la collection animale était très diversifiée ! Selon plusieurs sources qui se recoupent, l'orque Ulises, qui vécut au Parc Zoològic de Barcelona de 1983 à 1994, aurait même été présenté de 1980, date de sa capture, jusqu'à son transfert à Barcelone au Rio Léon Safari Park, preuve incontestable de sa richesse d'alors !
A la fin des années 1980, probablement suite à un ralentissement du succès autrefois rencontré, l'investisseur initial, toujours à la tête de l'établissement, disparut dans la nature, laissant sur place animaux et employés... Face à cette situation de crise, les autorités locales prirent en charge le parc. Aqualeon fut revendu en 1992 au groupe Aspro, d'ailleurs déjà propriétaire de L'Aquàrium de Barcelona et d'autres parcs de loisirs de la région. Celui-ci développa surtout le parc aquatique, qui représente aujourd'hui l'activité majeure d'Aqualeon, sans effectuer d'investissements importants dans la partie zoologique. La plupart des animaux appartiennent d'ailleurs toujours aux autorités locales, qui les ont simplement en dépôt à Albinyana. Aqualeon attire actuellement environ 150 000 visiteurs par an et est aménagé sur une superficie d'une cinquantaine d'hectares, dont une grande part est inexploitée.
Je découvre donc ce matin-là un safari plutôt en perte de vitesse, avec de nombreux enclos abandonnés et bâtiments désaffectés. Dr Jordi Aguiló Gisbert et son équipe d'une dizaine de soigneurs tentent de gérer au mieux la collection animale, mais c'est loin d'être facile parce qu'un grand nombre des individus n'appartiennent pas à Aspro et que la position du groupe quant au développement futur du safari n'a pas été clarifiée. L'enclos principal du safari, d'une superficie de près de cinq hectares, n'est plus qu'habité par des bœufs watussis et un groupe de lamas. L'ancien bâtiment des girafes se trouve encore sur la droite, preuve qu'une bien plus grande diversité d'herbivores devait autrefois occuper ces lieux. L'enclos des éléphants, situé sur la gauche, est lui aussi inoccupé depuis le départ de la dernière éléphante pour Barcelone en juin 2009. En 2008, il était encore possible d'observer deux éléphants d'Afrique ici, mais, suite au décès de l'une de ces éléphantes en septembre 2008, il a été décidé de trouver une solution rapide, d'autant plus qu'une autre éléphante africaine vivait seule au Zoo de Barcelone depuis la mort de sa compagne en février 2008. A la disparation du propriétaire à la fin des années 1980, certains animaux, comme les éléphants africains et les rhinocéros blancs présents, avaient été saisis par les autorités CITES, ce qui a facilité aujourd'hui le transfert vers Barcelone pour regrouper les deux éléphantes.
Une autre anecdote concerne les rhinocéros blancs d'Aqualeon. Comme tout bon safari de cette époque et suite aux nombreuses importations de cette espèce dans les années 1970, le Rio Léon Safari Park présentait au public plusieurs individus. Malheureusement, ceux-ci ne sont pas évoqués dans l'ouvrage « The Rhinoceros in Captivity », publié par L.C. Rookmaaker en 1998, pourtant si complet sur le sujet. Les choses deviennent vraiment intéressantes lorsque Dr Jordi Aguiló Gisbert m'affirma que cette espèce avait même été reproduite ici avec succès dans le passé ! Une carte postale que je possède dans ma collection personnelle depuis septembre 2002 semble confirmer cette information. On y observe, en effet, un couple de rhinocéros blancs accompagné d'un jeune animal ; la carte a voyagé en août 1985. Après discussion avec le coordinateur de l'EEP de cette espèce, il s'avère que la naissance a eu lieu en 1991, un jeune mâle nommé Cirilo. Il s'agissait de la première naissance de rhinocéros blanc en Espagne (suivie d'autres naissances à partir de 1999 à Cabárceno et d'une première insémination artificielle réussie à Madrid en 2009). Les derniers rhinocéros d'Aqualeon, alors un mâle et deux femelles, appartenant aux autorités CITES depuis leur saisie au début des années 1990, ont finalement été transférés au Zoo de Barcelone en 2003. Cirilo vit aujourd'hui au nouveau Bioparc Valencia (Espagne).
Le second enclos du safari d'Aqualeon me permet de découvrir enfin cet énigmatique groupe de cobes noirs (Kobus leche smithemani). Cette magnifique sous-espèce de cobe lechwe est originaire du bassin du Bangweulu en Zambie, où vit actuellement une population estimée à 30 000 animaux. Le groupe maintenu à Aqualeon est le seul connu en captivité et a attiré l'attention de la communauté internationale des parcs zoologiques depuis quelques années déjà. Ils appartiennent toujours intégralement aux autorités locales et la gestion quotidienne des animaux par l'équipe d'Aspro est donc loin d'être facile. Les 80 individus que j'ai comptés ce jour-là sont tous maintenus ensemble dans un enclos unique, qui ne dispose pas de système d'isolement ou même d'abris fermés ; cela rendrait difficile tout transport d'une partie ou de la totalité du groupe. Aucun animal n'est marqué individuellement et la parenté de la dizaine de rejetons qu'engendre le groupe chaque année n'est pas connue. De plus, il est fort probable que les fondateurs de ce groupe ne proviennent que d'un import unique, effectué dans les années 1970/1980. Enfin, une éventuelle hybridation avec d'autres sous-espèces de cobe lechwe serait à vérifier, d'autant plus qu'un autre groupe de Kobus leche est présenté dans un enclos voisin.
Cobe noir à Aqualeon - juillet 2009
Face au coût engendré par le maintien d'un tel groupe d'animaux, les autorités locales ont organisé à l'automne 2008 une vente aux enchères des nombreux herbivores et autres animaux qui leur appartenaient encore. Aucun acheteur sérieux ne s'est manifesté et les animaux sont donc toujours à Albinyana. Le plus surprenant reste qu'Aspro ne soit pas intéressé par l'acquisition du lot complet pour permettre le développement et une meilleure gestion du safari... la situation semble s'enliser depuis plusieurs années, mais pourrait être débloquée par un achat d'un conglomérat de parcs zoologiques ou même d'une institution internationale. Quoi qu'il en soit, si la consanguinité s'avérait, après étude, assez réduite et qu'aucune hybridation ne puisse être repérée, ce groupe serait d'un intérêt notable pour débuter un programme d'élevage, d'autant plus que le Kobus leche est déjà géré sous ESB.
Un autre enclos du safari est le lieu de vie d'un groupe de zèbres de plaine (Equus quagga), présentés comme appartenant à la sous-espèce antiquorum, mais ressemblant bien plus à des chapmani, au final probablement des hybrides. Un important groupe de cobes lechwes (Kobus leche) vit dans un des anciens enclos des rhinocéros ; là-aussi, j'ai compté près de 70 individus, un des plus grands groupes maintenus en captivité. Après ce rapide safari, nous accédons au parc visitable à pieds. Celui-ci est majoritairement concentré autour du parc aquatique, où s'accumulent toboggans et piscines diverses et qui reste l'attraction majeure d'Aqualeon. Néanmoins, un petit parc zoologique y est également inclus. Dès l'entrée, je retrouve l'aspect animalier avec quelques amazones utilisés pour photographier les visiteurs... une pratique heureusement même inappréciée par le vétérinaire, mais qui est si courante dans la majorité des parcs du sud de l'Europe. La partie zoologique visitable à pieds est relativement réduite avec quelques enclos pour chiens de prairie à queue noire (Cynomys ludovicianus), suricates (Suricata suricatta), ratons laveurs (Procyon lotor), un petit vivarium avec cinq sombres terrariums, deux vervets (Chlorocebus aethiops) en cohabitation avec un macaque crabier (Macaca fascicularis) obèse, un groupe de capucins bruns (Cebus apella), quelques chèvres et poneys... Les deux derniers chimpanzés ont, quant à eux, été envoyés dans un centre de récupération, situé près de Madrid, et leur ancienne installation est aujourd'hui vide. Un spectacle de perroquets et un autre de rapaces sont également proposés aux visiteurs. Lors de ma visite, j'ai pu observer dans les coulisses une quinzaine de rapaces d'une dizaine d'espèces, dont une superbe chouette leptogramme (Strix leptogrammica). Deux jeunes jaguars noirs (Panthera onca) vivent non loin de là dans une cage circulaire.
Le safari des carnivores, situé dans la continuité de celui des herbivores et autrefois inclus dans celui-ci, n'est aujourd'hui plus visitable qu'à bord de bus zébrés d'Aqualeon. Il englobe quatre enclos principaux, de grande superficie et vallonnés, où vivent deux groupes de lions (Panthera leo), totalisant 22 individus, six tigres de Sibérie (Panthera tigris altaica) et six ours bruns (Ursus arctos). Deux tigres, prétendument du Bengale, mais plus probablement hybrides, vivent dans un enclos secondaire, construit à leur intention.
Le futur de la partie zoologique d'Aqualeon semble d'une certaine manière bien compromis, au vu du peu d'investissements, financiers et créatifs, réalisés par le groupe Aspro. Néanmoins, l'équipe en place tente de gérer au mieux la collection animale, dans la situation si particulière qui est la leur actuellement. L'avenir de ce groupe de cobes noirs, animaux impressionnants par leur pelage si sombre, reste aussi aujourd'hui incertain.
En sus des établissements dans lesquels la municipalité est impliquée, comme le Parc Zoològic de Barcelona, ou ceux gérés par de grands groupements, comme L'Aquàrium de Barcelona ou Aqualeon, l'Espagne est doté d'une diversité de petits espaces zoologiques, montés par des initiatives privées. Le renouvellement de ces établissements est particulièrement rapide, avec la création de plusieurs d'entre eux, mais surtout la fermeture d'autres chaque année. Rien qu'aux alentours directs de Barcelone, l'El Parque de las Aus à Vilassar de Mar a fermé ses portes en 2005, le Zoo Empordá en 2006 à Regencós ou encore le Parque Animal de Sobrestany en 2008.
Après ma visite matinale à Aqualeon, je décide d'aller visiter un de ces petits établissements privés, sachant qu'ils réservent toujours des surprises de toutes sortes. Le Zoo Alt Camp est situé à Valls, à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Albinyana. Un site internet, relativement bien fait et moderne, m'avait permis de vérifier les horaires d'ouverture et c'est donc avec surprise que je découvre, à mon arrivée sur place, une caisse close. Plus que fermée, elle semble même abandonnée avec une planche de bois couvrant l'ancien comptoir vitré... Le portail est tout de même entrouvert, et je vois déjà au loin quelques volières... Je tente en vain d'appeler le numéro de téléphone trouvé sur internet, d'actionner la sonnette, mais l'endroit semble vraiment désert. Soudain, deux personnes franchissent le portail du Zoo Alt Camp et se dirigent vers leur véhicule stationné un peu plus loin. Elles m'indiquent qu'il est bien possible de visiter le petit parc zoologique, que je rencontrerai peut-être un employé lors de ma visite et lui payerai alors directement le droit d'entrée, mais que cela est finalement fort peu probable... l'heure de la sieste probablement... C'est donc avec curiosité et un peu d'appréhension que je fais mes premiers pas au sein de la propriété. Je comprends rapidement qu'il s'agit d'un terrain d'à peine deux hectares, entouré de hauts murs, et organisé autour d'une demeure bourgeoise.
Canaroie semipalmée au Zoo Alt Camp - juillet 2009
La première partie de ma visite me permet de découvrir une riche collection d'anatidés présentée sur un plan d'eau principal et dans plusieurs petits enclos. C'est surtout quelques canards à lunettes (Speculanas specularis), un couple de tadornes de paradis (Tadorna variegata) et enfin, et plus particulièrement, un couple de canaroies semipalmées (Anseranas semipalmata) qui attirent mon attention. Une rangée d'enclos simples, située un peu à l'écart, est le lieu de vie de quelques lamas, ânes, chèvres et moutons, d'un zèbre de Chapman (Equus quagga chapmani), de mouflons méditerranéens (Ovis ammon), d'un cerf élaphe (Cervus elaphus) et d'un groupe d'antilopes cervicapres (Antilope cervicapra) au pelage particulièrement clair. Le mâle porte d'ailleurs exactement la même robe que les femelles, le groupe venant peut-être d'arriver ici après scission avec un groupe où d'autres mâles dominaient. Une toute jeune antilope accompagne le groupe. Dans un coin, deux caisses de transport attirent mon regard. Sans aucun doute, elles ont été conçues pour des ours ou d'autres grands carnivores... Vais-je trouver de tels animaux au cours de ma visite ?
Groupe d'antilopes cervicapres - juillet 2009
Canard à lunettes - juillet 2009
Coq espagnol à face
blanche - juillet 2009
D'une certaine manière, le lieu semble complètement abandonné, divers outils agricoles traînant de ci de là, une buvette non entretenue... une atmosphère vraiment étrange. Soudain, deux fillettes en tenue de bain traversent une allée et disparaissent aussi rapidement qu'elles sont apparues... Je poursuis ma visite, trouve encore émeus d'Australie, nandous d'Amérique et autruches d'Afrique, ainsi qu'un wallaby de Bennett solitaire et une tortue sillonnée (Geochelone sulcata). Un peu plus loin, je m'approche d'un poulailler où vivent quelques poules espagnoles à face blanche, dont le coq est particulièrement impressionnant. Au milieu de tout cela, un couple de makis cattas (Lemur catta), accompagné de leurs deux derniers rejetons, et deux gouras sont encore présentés. C'est la première fois que je vois de tels animaux dans un poulailler !
A l'arrière, un couple de grues royales (Balearica regulorum) occupe une volière qui se poursuit, sous le couvert des arbres, par une faisanderie qui révèle quelques surprises : un paon spicifère (Pavo muticus), un couple de tragopans de Cabot (Tragopan caboti), un couple de faisans nobles (Lophura ignita), un autre de lophophores resplendissants (Lophophorus impejanus), un autre encore de hoccos de Daubenton (Crax daubentoni), deux pénélopes de Spix (Penelope jacquacu) et enfin deux couples de pénélopes à gorge bleue (Pipile cumanensis).
Avant de reprendre la route, je m'attarde encore devant les quatre enclos boueux se trouvant près de l'entrée. Ils abritent une faune d'anatidés si diverses : oies domestiques et sauvages, cygnes, harles (Mergus sp.), trois espèces de dendrocygnes (Dendrocygna bicolor, D. eytoni et D. autumnalis)... J'y observe aussi un troisième canaroie semipalmée, espèce que j'apprécie et qu'on voit si peu en captivité.
Enclos pour anatidés au Zoo Alt Camp - juillet 2009
Soudain, alors que je m'apprêtais à quitter les lieux, le Zoo Alt Camp se réveille... plusieurs employés arrivent (la sieste probablement terminée...) et me demandent ce que je fais là à prendre des photographies. L'un d'eux va chercher le propriétaire et j'entends soudain des aboiements sonores et agressifs ; j'imagine quelques secondes qu'ils vont lâcher les chiens. Je rencontre finalement la propriétaire à qui je règle un droit d'entrée de quatre euros. Le fait qu'elle ne parle ni anglais, ni français, ni aucune langue que nous aurions en commun, empêche toute communication réelle et surtout l'obtention d'informations quant à l'histoire et l'évolution du Zoo Alt Camp et ses motivations personnelles pour maintenir un tel établissement. L'origine, et le devenir d'éventuels animaux reproduits ici, m'aurait beaucoup intéressé, mais n'est pas très compliqué à imaginer. Le Zoo Alt Camp est un espace zoologique de toute petite envergure, probablement ouvert il y a quelques années à peine, sur les bases d'une collection privée d'anatidés et de faisans. Sa pérennité dans les années ou les décennies à venir, surtout du fait de la crise financière actuelle, qui touche l'Espagne de plein fouet, est incertaine.
La Catalogne compte encore une série d'autres espaces zoologiques, de tailles plus ou moins importantes. Aspro gère un delphinarium à Palafolls, le Marineland Cataluña (www.marineland.es), à une soixantaine de kilomètres au nord de Barcelone. Un autre delphinarium se trouve au sud de la capitale, à l'Aquópolis Costa Dorada (www.aquopolis.es), géré par Parques Reunidos, un autre groupement espagnol de parcs de loisirs. A Barcelone même, quelques aquariums seraient également présentés au Escuela del Mar, centre d'étude de la mer situé à Badalona. Il en est de même au Centre d'Estudis del Mar à Begur (www.fundaciomar.org). Plusieurs centres de faune locale, comme le Centro de Fauna Salvaje La Coma à Piera (www.centrelacoma.com), se trouvent également dans la région, ainsi que des centres de récupération comme le Centro de Recuperación de Anfibios y Reptiles de Cataluña à Masquefá (www.crarc-comam.net) ou encore la Fundación Mona à Riudellots de la Selva (www.fundacionmona.org), à quelques kilomètres à peine de l'aéroport de Gérone. Ce dernier abrite actuellement une quinzaine de chimpanzés dans deux grands enclos herbeux et largement enrichis. Ces animaux sont pour la plupart originaires de zoos, de cirques, de laboratoires ou même de particuliers, et une fin de vie décente, au sein d'un groupe social, leur est ici offerte.
Jonas Livet - juillet 2009